Et si l’envie insatiable de manger était liée à une anomalie cérébrale ? C’est ce que révèle une étude, menée par les chercheurs de la faculté de médecine de l'université de New Brunswick, aux Etats-Unis. Les résultats de leur recherche, publiés dans Cell Reports, soulignent que le désir irrépressible de manger, c’est-à-dire la sensation de n’être jamais rassasié, est lié à une carence hormonale dans le système nerveux. En résumé, une hormone située dans le cerveau permet de réguler la prise d’aliments, pour éviter la suralimentation. Une découverte qui ouvre la voie à de nouveaux traitements pour lutter contre l’obésité.
Une hormone qui régule l’alimentation. Pour réaliser cette étude, ces chercheurs ont étudié les comportements alimentaires de souris génétiquement modifiés. Ils ont réduit les facultés de l’hormone GLP-1 (glucagon-like peptide-1) connue pour réguler la prise d’aliments. Là, ils ont constaté que les souris en carence de cette hormone "mangeaient au-delà de leur besoin calorique et présentait un intérêt accru pour les aliments riches en graisse", explique Vincent Mirabella, co-auteur de l’étude. En réalisant le scénario inverse, c’est-à-dire en accroissant la signalisation du GLP-1 dans le cerveau des souris, ces dernières s’alimentaient plus modérément et plus sainement.
Une hormone au cœur de nombreuses dépendances. L’hormone au cœur de ce processus de régulation de l’alimentation est particulièrement présente dans l’hypothalamus et les centres neuronaux de la récompense. On la retrouve, par exemple, dans le circuit mésolimbique, qui a un impact sur la dépendance à plusieurs drogues, comme la cocaïne, les amphétamines ou l’alcool, rapporte Pourquoi Docteur.
Vers un traitement contre l’obésité ? Les chercheurs comptent donc interférer sur cette hormone pour mieux réguler l’alimentation et donc lutter contre les risques d’obésité. "La suralimentation, qui est une cause de l’obésité, peut être considérée comme une dépendance à l’alimentation, un trouble neuropsychiatrique. En découvrant la façon dont le système nerveux central régule la prise alimentaire, par la signalisation du GLP-1, nous pourrions offrir une thérapie plus ciblée avec moins d’effets secondaires", avance le Pr Zhiping Pang, co-auteur de l’étude. Car, jusqu’ici les traitements contre l’obésité sont peu nombreux et leurs effets secondaires souvent contraignants.