Comment expliquer la mort de trois patients en chimiothérapie dans un même établissement ? La ministre de la Santé, Marisol Touraine, a saisi l'Inspection générale des Affaires sociales (Igas) après que trois personnes âgées de 61 à 65 ans, atteintes d'un cancer du système lymphatique (sorte de cancer du sang, ndlr) soient décédées au CHU de Nantes. Un quatrième patient est toujours en réanimation dans un état grave. Tous suivaient une chimiothérapie intensive dans le service du professeur Philippe Moreau, une pointure internationale en hématologie.
Cocktail de médicaments. Les patients avaient commencé leur traitement fin octobre, avant de présenter des problèmes cardiaques une douzaine de jours plus tard, un effet secondaire connu de ce genre de traitement. La chimiothérapie intensive qu'ils suivaient en chambre stérile était composée d'un cocktail de médicaments dont l'un d'entre eux, faute de réapprovisionnement, avait été remplacé par un autre. Une alternative utilisée depuis 40 ans et un protocole finalement assez classique, selon les experts. D'autres hôpitaux l'emploient actuellement sans qu'aucun incident de ce type n'ait lieu.
Une "problématique locale". Pour Benoît Vallet, patron de la direction générale de la santé, ce qui est "exceptionnel", c'est la "succession de cas" dans un même établissement. "Nous nous sommes rapprochés des grands centres français pour savoir s'ils avaient connu le même type d'événement", explique-t-il. "Nous n'avons eu aucun autre retour, donc le sentiment est qu'il s'agit d'une problématique locale", conclut-il.
D'après plusieurs cancérologues certaines hypothèses sont plausibles : surdosage, bactérie qui aurait contaminé le lot de médicaments utilisé ou une erreur humaine, qui n'est jamais à exclure. Les premières conclusions de l'enquête sont attendues dans une semaine.