La centrale de Fukushima est "une véritable passoire", pour Thomas Porcher, spécialiste des questions énergétiques et professeur à la Paris Business School. "On continue d’injecter des quantités d’eau énormes chaque jour pour refroidir les moteurs", a-t-il expliqué dans la Matinale d'Europe 1 jeudi. Cinq ans après l’incident nucléaire qui a fait 15.800 morts au Japon, l’expert estime qu’il y a "une forme de déni" de la part des autorités japonaises.
"Nous sommes des apprentis sorciers". "Il y a des endroits où le seuil de radioactivité est vingt fois supérieur à ce qui est admis au niveau humain", explique Thomas Porcher. "Et le gouvernement japonais incite les gens à revenir sur place". Trente ans après la catastrophe de Tchernobyl, pour laquelle il n’y a eu aucun suivi sanitaire de long terme, "nous sommes des apprentis sorciers", assure-t-il.
Pas de normes internationales communes. Depuis l’accident de Fukushima, les normes de sécurité ont augmenté partout dans le monde. “Mais au niveau international, il n’y a toujours pas de seuil limite de sécurité”, déplore Thomas Porcher. "L’Europe le voulait, mais la Chine et les Etats-Unis, notamment, l’ont refusé pour des raisons d’ingérence".
Une catastrophe naturelle ou un attentat. Un nouvel accident nucléaire est-il alors possible ? "La probabilité est très faible en France", estime Thomas Porcher, bien que le pays compte 17% des centrales nucléaires mondiales. "Mais on n’est jamais à l’abri d’une catastrophe naturelle ou d’un attentat", poursuit le spécialiste. "Le risque zéro n’existe pas dans le nucléaire", conclut-il.