Cinq questions que vous vous posez sur le virus Zika

Zika virus moustique
L'OMS a appelé mercredi les pays européens à se coordonner pour empêcher une prolifération du moustique transmettant le virus Zika, avant que cet insecte n'arrive sur le continent. © NOAH SEELAM / AFP
  • Copié
avec AFP
Zika est-il vraiment dangereux ? Comment se transmet-il ? La France doit-elle s'inquiéter ? On fait le point sur ce nouvel ennemi public mondial.

L'inquiétude au sujet du virus Zika est désormais mondiale. Pour la quatrième fois seulement de son histoire, l'Organisation mondiale de la santé a décrété un état d'"urgence de santé publique de portée internationale". Les seuls précédents concernaient la grippe H1N1, la poliomyélite et Ebola. Pourquoi ce virus inquiète-t-il tant ? On fait le point en cinq questions.

En quoi le virus Zika est-il dangereux ? Les symptômes du virus, semblables à la grippe et pouvant même passer inaperçus, sont généralement bénins. Ce sont les potentielles complications qu'il entraîne qui inquiètent.

Pour l'OMS, un lien est en effet probable entre ce virus et la microcéphalie, une malformation congénitale dont souffrent les enfants. Ils naissent alors avec un cerveau anormalement petit, voire meurent In utero ou dans les premiers jours de leur vie. Ce lien entre Zika et microcéphalie est "fortement suspecté bien que non prouvé scientifiquement". Ce qui met l'OMS sur cette voie, c'est l'augmentation des cas de microcéphalies dans les zones les plus touchées par le virus. Au Brésil, pays le plus affecté par le virus, 400 cas de microcéphalie ont été confirmés depuis octobre, contre 147 pour l'ensemble de 2014.

Le Zika est également soupçonné d'être lié au syndrome neurologique de Guillain-Barré (SGB), pouvant entraîner dans quelques rares cas une paralysie irréversible. En Polynésie, une étude sur 42 patients permettra dans les semaines qui viennent de confirmer ou infirmer un éventuel lien.

Il n'est pas exclu, enfin, que ce virus puisse évoluer, même si aucun élément ne semble appuyer cette hypothèse pour le moment.

 

Des patients atteints du virus zika au Salvador. (1280x640) Marvin RECINOS/AFP

© Marvin RECINOS/AFP

 

Comment se transmet-il ? Le virus, qui tire son nom de la forêt ougandaise où il a été identifié pour la première fois en 1947, se transmet notamment par le moustique Aedes aegypti et le moustique tigre. Il se développe dans des zones particulièrement chaudes et humides, ou encore autour d'eaux stagnantes. L'insalubrité serait aussi un facteur. "La seule manière de stopper le virus Zika est de contrôler les moustiques vecteurs (de la maladie) ou d'interrompre totalement leur contact avec les humains, en accompagnant cela de mesures pour réduire la pauvreté", explique ainsi dans un communiqué Walter Cotte, directeur pour les Amériques de la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (IFRC).

Mais le moustique n'est pas le seul moyen de transmission, même s'il est le plus répandu. Des cas de contamination lors de l'accouchement ou lors de transfusions sanguines sont également suspectés. De plus, les autorités sanitaires américaines (CDC) disent avoir décelé, mardi au Texas, un cas de transmission par voie sexuelle (lire notre article sur la transmission ici). "Un voyageur qui s'était rendu au Venezuela est rentré aux Etats-Unis et a développé des symptômes d'infection par le virus du Zika tout comme la personne avec laquelle il a eu des relations sexuelles et qui n'a pas, elle, quitté le territoire américain", écrit le médecin américain Tom Frieden dans un communiqué.

Un cas de transmission sexuelle du virus Zika aux Etats-Unis avait déjà été signalé par le passé. Il s'agissait d'un biologiste américain qui avait été infecté au Sénégal en 2008, lors d'une mission. Ce dernier aurait transmis le virus par voie sexuelle à son épouse. Les CDC ont également mentionné le cas du collègue de ce scientifique, dont le sperme contenait des virus vivant du Zika plusieurs semaines après avoir guéri. Les médecins ne sont pas surpris : ils savent que certains virus sont capables de rester tapis dans des cellules, donc dans le sperme, même une fois que la personne est guérie et que le virus a disparu de son sang.

Jusqu'où peut aller le virus ? L'épidémie est en pleine expansion sur toute l'Amérique latine et dans les Caraïbes, y compris en Martinique et en Guyane. Mais plus seulement.  Un homme a contracté le virus Zika en Thaïlande, ont annoncé mardi les autorités sanitaires du royaume. Dimanche, un institut de recherche indonésien avait déjà annoncé un cas positif sur l'île de Sumatra. D'autres patients, contaminés localement, ont été signalés au large du continent africain, au Cap-Vert.

En Europe et en Amérique du Nord, des dizaines de cas ont été rapportés chez des personnes revenant de voyages dans les pays touchés. Les températures froides qui empêchent la survie des moustiques devraient empêcher une propagation rapide. Mais les inquiétudes demeurent. Les Instituts nationaux américains de la santé (NIH) indiquaient la semaine dernière que le virus pourrait s'étendre à des régions où vivent 60% de la population du pays, soit environ 200 millions de personne. Le virus a aussi été confirmé dans au moins six pays européens : Royaume-Uni, Italie, Pays-Bas, Portugal, Danemark et Suisse. En France métropolitaine, le risque devrait s'accentuer cet été, avec la hausse des températures et des voyages depuis et vers les Antilles et la Guyane.

En outre, ces prévisions se basent sur la propagation du virus à travers le moustique. Or la transmission par voie sexuelle pourrait accélérer davantage la propagation sur les cinq continents.

Existe-t-il un traitement ? "L'étendue géographique des espèces de moustiques qui peuvent transmettre le virus, l'absence de vaccin et de tests fiables, ainsi que le manque d'immunité de la population dans les pays nouvellement touchés (...) constituent des causes supplémentaires d'inquiétude", a souligné lundi la directrice de l'OMS Margaret Chan. Il n'existe, en effet, aucun traitement fiable pour le moment. Mais le laboratoire Sanofi Pasteur a annoncé mardi se lancer dans la recherche d'un vaccin. Le laboratoire veut s'appuyer "sur les succès obtenus dans le développement de vaccins contre des virus similaires", comme celui contre la dengue.

Le virus va-t-il perturber les JO ? Le comité organisateur des JO de Rio s'est dit mardi "inquiet" face au virus, mais confiant dans une chute du nombre de cas pour le début des compétitions en août, en plein hiver austral. "Nous avons travaillé avec les autorités locales pour augmenter les inspections" des potentiels foyers de moustiques, a affirmé Mario Andrada, porte-parole de Rio-2016. La présidente brésilienne Dilma Rousseff a d'ailleurs fait de la lutte contre le Zika une des priorités du pays pour 2016, mardi dans son message de début d'année au Congrès.