Aux États-Unis, la pratique est connue sous le nom de "Purple drank", ou "cocktail violet". Comprendre : un sirop contre la toux d'une teinte violette à forte dose, incluant de la codéine, délivré sans ordonnance, pris pour "planer". Apparue en France en 2013, la pratique est notamment visible chez les adolescents, selon l'Ordre national des pharmaciens qui avaient déjà lancé un signal d'alerte en 2015.
L'ANSM alertée depuis deux ans. Interrogée vendredi sur franceinfo, Nathalie Richard, directrice adjointe du pôle de l'ANSM chargé des antalgiques et des stupéfiants, constate "une augmentation du nombre de cas de détournements par des adolescents de ce type de médicaments", précisant que l'ANSM était alertée depuis environ deux ans. En 2017, deux adolescents ont déjà trouvé la mort après avoir ingurgité une surdose de codéine. Cet antalgique, issue de la même famille que l'opium, vendu librement et sans ordonnance, peut provoquer une sensation de "défonce" avec notamment un ralentissement du rythme cardiaque. Certaines pratiques peuvent entraîner un coma qui parfois, s'avère mortel, précise franceinfo.
Une quinzaine de cas en 2016. Nathalie Richard recommande que les médicaments contenant de la codéine fassent l'objet d'une information des professionnels de santé, des médecins, mais également et surtout des pharmaciens", sans pour autant préconiser une vente sur prescription obligatoire. Pour signaler les cas dangereux, l'Agence nationale de sécurité et des produits de santé a mis en place un réseau d'addictovigilance. Une quinzaine de cas ont ainsi été détectés en 2016. D'autres cas portent sur le détournement de comprimés de médicaments antidouleur associant paracétamol et codéine (Codoliprane, Klipal, Padéryl, etc.), facilement accessibles du fait de leur faible coût (2 à 3 euros la boîte).
Cinq signalement depuis le début de l'année. Depuis le début de l'année, l'ANSM a reçu cinq signalements d'utilisation abusive de codéine chez des mineurs, dont deux ayant entraîné des décès. Mais ces chiffres ne sont "pas exhaustifs", "il est fort probable qu'il y ait d'autres cas, pas déclarés", a souligné Nathalie Richard. L'ANSM lancera dans les prochains mois "une étude spécifique sur ce phénomène", auprès des pharmacies et des services d'urgence pédiatriques, qui permettra d'avoir "des précisions sur la typologie" de ces usages détournés et leurs "conséquences sanitaires", a expliqué Nathalie Richard. L'agence entend aussi renouveler l'appel à la vigilance des pharmaciens, qui "peuvent refuser une vente quand ils jugent que la délivrance du médicament peut avoir des conséquences sanitaires", et sensibiliser les professionnels de santé en contact avec les jeunes et les enseignants.