La dépendance aux drogues serait liée à notre microbiote selon des expériences scientifiques. 2:47
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Jimmy Mohamed édité par Manon Bernard
Il y aurait un lien entre l'addiction à l'alcool et à d'autres drogues, et le microbiote qui se trouve dans notre petit intestin. C'est en tout cas ce qu'ont découvert plusieurs chercheurs, après des expériences effectuées sur des souris. Le médecin d'Europe 1, Jimmy Mohamed, explique cette corrélation. 
DÉCRYPTAGE

La découverte est extraordinaire puisqu'elle apporte des éléments de réponse à une question que tous les chercheurs se posent : celle de la dépendance. Des scientifiques auraient découvert un lien entres des addictions à l'alcool ou à d'autres drogues et la flore digestive, qu'on appelle aussi le microbiote. Cela permet de comprendre pourquoi nous ne sommes pas tous égaux face à l'addiction et pourquoi certains peuvent avoir du mal à s'arrêter de fumer ou de boire de l'alcool. 

Cette expérience a été réalisée sur des souris qui ont été rendues accro à la cocaïne. Pour ce faire, les chercheurs ont décidé de modifier le sens de circulation de la bile. La bile est produite par le foie et sert à absorber les matières grasses en temps normal. Elle est fabriquée par le foie, passe par le petit intestin et rencontre des bactéries du microbiote, avant de remonter tranquillement au niveau du foie.

Le tube digestif, notre "deuxième cerveau"

Au lieu de passer par l'intestin où il y a plein de petites bactéries, les scientifiques ont directement fait remonter la bile par le foie. À ce moment là, les souris qui étaient initialement addicts à la cocaïne n'ont plus éprouvé aucun intérêt pour cette drogue. Elles n'ont eu aucun plaisir et la dépendance s'est donc arrêté.

Les chercheurs ont alors poussé l'expérience plus loin et se sont rendus compte qu'il y avait des récepteurs à la bile dans notre cerveau. Lorsque l'on inactive les récepteurs, on supprime la dépendance. C'est pour cela qu'il est régulièrement dit que le tube digestif est le "deuxième cerveau". 

Une flore intestinale altérée favorise la dépendance

Dans le tube digestif, il existe une paroi qui forme une barrière. En temps normal, celle-ci est bien étanche et protège le milieu extérieur des bactéries. Mais chez les gens qui ont une flore intestinale altérée, cette barrière fonctionne moins bien. C'est peut être pour cela que l'on serait dépendant à certaines substances. 

L'expérience a été reconduite sur des souris, cette fois-ci obèses et dépendantes à l'alcool. Les chercheurs ont tenté de réparer cette barrière qui ne fonctionnait pas bien chez elles en leur administrant de la pectine, une fibre naturelle que l'on trouve dans les pommes, plus précisément dans la peau de la pomme et dans les pépins.

La dépendance supprimée en administrant de la pectine

 

Une fois la pectine administrée, les souris n'étaient plus dépendantes à l'alcool et leur poids est redevenu normal. Encore une occasion de vérifier le dicton anglais "an apple a day, keep the doctor away" soit "une pomme par jour éloigne le docteur".

Tout cela pour expliquer que, pour prendre soin de sa santé, il faut d'abord prendre soin de son microbiote. La médecine au travers de l'alimentation est d'ailleurs probablement celle de l'avenir.