Complémentaire santé généralisée : les effets pervers de la réforme

© PHILIPPE HUGUEN / AFP
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J.D avec Olivier Samain , modifié à
Avec l'arrivée de la complémentaire santé obligatoire au 1er janvier débarquent également les sur-complémentaires santé, quasi inexistantes avant, dont les prix explosent. 

A compter du 1er janvier 2016, toutes les entreprises devront proposer à tous leurs employés une complémentaire santé, en prenant à charge la moitié du coût de la cotisation. Une nouveauté de taille pour des centaines de milliers de salariés travaillant dans les petites entreprises. Ces derniers mois, la bataille a fait rage, entre les différents acteurs de ce marché (compagnies d'assurances, mutuelles et institutions de prévoyance). Pas uniquement pour "placer" des contrats de base, mais surtout pour placer des contrats qui n'existaient quasiment pas jusque-là : des contrats de sur-complémentaire santé.

Une clientèle captive pour les assureurs. "Ce que le contrat mis en place par votre employeur ne vous offre pas, moi, je peux vous l'offrir : un remboursement à peu près convenable de la couronne dentaire, par exemple, ou le dépassement d'honoraires de votre médecin spécialiste". Voilà ce que les mutuelles, les assurances et les institutions de prévoyance s'apprêtent à proposer aux salariés des petites entreprises qui découvrent (ou qui vont découvrir dans quelques jours) que la complémentaire souscrite par leur employeur ne va pas très loin. Et pour cause : dans beaucoup d'entreprises, le patron a choisi un contrat peu cher, vu qu'il en supporte la moitié du coût.

"Les prix risquent d'être très élevés". Or comme l'explique Mathieu Escot, de l'association de défense des consommateurs UFC-Que Choisir, dans l'écrasante majorité des cas, l'assureur de la couverture de base sera aussi l'assureur retenu pour la sur-complémentaire : "Les salariés se tourneront assez naturellement vers le même assureur, parce ce que sera beaucoup plus simple pour eux", affirme-t-il avant d'expliquer que cela aura deux conséquences pour les employés: "D'une part ils devront payer entièrement cette cotisation, il n'y aura plus de prise en charge partielle par l'employeur, et d'autre part, ce sera une clientèle captive pour les assureurs, la concurrence jouera beaucoup moins et donc les prix risquent d'être très élevés". Cela explique alors pourquoi beaucoup d'acteurs du marché ont fait des offres de prix très basses pour la couverture obligatoire. Ils savaient qu'ils pourraient se rattrapper avec les sur-complémentaires.