La marque Tampax, leader des protections hygiéniques, va publier au printemps prochain la composition de ses produits, révèle 20 minutes lundi. Le résultat d'un forte pression de l'opinion publique. Mélanie Doerflinger, une étudiante de 20 ans, se bat en effet depuis plus d'un an pour que cette composition soit accessible et que les femmes puissent choisir leur protection périodique en connaissance de cause. Europe 1 revient sur ce tabou.
Un tampon lui fait perdre une jambe. Lauren Wasser était une mannequin et athlète américaine prometteuse. Mais à 24 ans, elle fait un choc toxique et doit être amputée de la jambe gauche. La raison de ce drame ? Un tampon. Ce syndrome du choc toxique, une maladie infectieuse très rare, vient d’une mauvaise toxine qui va directement infecter le sang avant de s’attaquer aux organes. La jeune femme fait alors de la médiatisation de cette maladie son combat. Son histoire, racontée par Vice, a touché Mélanie Doerflinger.
Un large soutien public. L'étudiante de 20 ans a pris cette cause à bras-le-corps et décidé de s’attaquer aux fabricants de tampons. Car la composition de ces protections périodiques n’est pas connue du grand public et n’est donc pas soumise à la vigilance des utilisatrices. Aussitôt, la jeune militante lance une pétition, intitulée "Rendre visible la composition des tampons et serviettes hygiéniques", adressée aux représentants des marques Always et Tampax. Elle reçoit rapidement de nombreux soutiens et compte en janvier 2017 près de 259.000 signataires. L’association 60 millions de consommateurs s’est même associée à sa cause.
Face à cette mobilisation, la jeune femme est contactée par la marque qui a créé Tampax (Procter&Gamble) qui lui donne pour toute explication qu’il "n’y a pas de place sur les packings". Une réponse qui ne satisfait pas Mélanie Doerflinger.
Des traces de désherbant dans les tampons. Une étude argentine, publiée en octobre 2015, vient renforcer la conviction de la jeune femme que les protections périodiques ont quelque chose à cacher. Les chercheurs attestent que 85% des serviettes et tampons hygiéniques contiendraient des traces de glyphosate, une molécule qu'on retrouve notamment dans l'herbicide plus connu sous le nom de Roundup. Bien que les quantités de ce désherbant soient assez faibles dans les tampons, les expositions répétées à ce produit ne sont pas saines pour l'organisme.
Des informations prochainement disponibles. Coïncidence peut-être, depuis avril dernier, une partie des composants des tampons est disponible dans la notice contenue dans la boîte et des informations complémentaires ont été affichées sur le site Internet de l’industriel. Finalement Mélanie Doerflinger obtient gain de cause puisque la marque Tampax s’est engagée à mentionner la composition de ses tampons hygiéniques sur les emballages à partir du printemps 2017.
La prudence reste de mise. Mais la jeune femme ne crie pas victoire face à cette annonce. "Si c’est pour inscrire sur l’emballage la même information que celle qui figure sur la notice, à savoir trois ou quatre éléments de composition, c’est hautement insuffisant", a-t-elle répondu à 20 minutes.
Mélanie Doerflinger voudrait que ces informations soient disponibles aussi facilement que la composition d’une crème pour le corps ou d’un shampoing. Car si elle mène ce combat c’est "pour permettre aux consommatrices d’acheter ces produits intimes en toute connaissance de cause, en rendant l’information facilement accessible." Alors son combat ne s’arrête pas là. Début janvier la jeune femme a publié une lettre ouverte adressée à la ministre de la Santé, Marisol Touraine, "pour que les institutions se saisissent de cette problématique".