La pilule reste le moyen de contraception le plus utilisé, notamment chez les plus jeunes femmes, mais la désaffection à son égard progresse, profitant à d'autres méthodes comme le stérilet, selon un baromètre de l'agence sanitaire Santé publique France* publié lundi.
Moins de la moitié des femmes de plus de 25 ans. En 2010, 45% des femmes utilisaient la pilule comme moyen de contraception, elles n'étaient plus que 40,5% en 2013, et 36,5% en 2016, indique cette étude, comparant ses résultats avec ceux des deux précédentes enquêtes "Fecond" réalisée par l'Inserm et l'Ined en 2010 et 2013. La pilule est davantage utilisée parmi les 15-19 ans (60,4%) et les 20-24 ans (59,5%), puis son utilisation diminue par la suite pour concerner moins de la moitié (47,8%) des 25-29 ans et plus qu'un tiers (35,4%) des 30-34 ans.
Méfiance envers la pilule. "Même si la pilule reste la méthode de contraception la plus utilisée, elle connaît une désaffection qui persiste depuis 2012 suite au débat sur les risques liés aux pilules de 3ème et 4ème génération", souligne ce baromètre réalisé à l'occasion de la Journée mondiale de la contraception, le 26 septembre.
À l'époque, plusieurs jeunes femmes se sont plaintes d'effets secondaires très graves, comme des phlébites, des embolies pulmonaires ou des AVC. "C'est à partir de ce moment-là que j'ai décidé d'arrêter la pilule, qui pour moi était hyper contraignante. J'ai pris dix kilos, mon taux de sucre dans le sang a explosé et j'avais l'impression d'avoir des souffle au cœur quand je marchais. Depuis, je suis passée au préservatif. Certes, c'est moins pratique, mais ça protège des MST (dorénavant appelées IST, pour Infections sexuellement transmissibles, ndlr) et de la grossesse", témoigne Laura, 23 ans. Ce qui a un impact sur la physiologie des Françaises, indique Élisabeth Paganelli, secrétaire général du Syndicat des gynécologues : "Maintenant elles en arrivent à accepter des règles douloureuses, voire des fatigues et des anémies, alors que pour certaines femmes la pilule leur convenait bien si elles n'avaient pas de contre-indication."
Des méthodes contraceptives plus variées. La baisse de l'utilisation de la pilule profite à d'autres moyens de contraception, notamment au stérilet ou dispositif intra-utérin (DIU, +6,9 points par rapport à 2010), au préservatif (+4,7 points) et à l'implant (+1,9 point). L'évolution dans l'utilisation des méthodes contraceptives varie beaucoup selon l'âge des femmes, surtout chez celles âgées de 20 à 29 ans. "Soit elles abandonnent la pilule pour des méthodes à l'efficacité plus élevée (DIU, implant), soit au contraire, pour le préservatif, certes efficace contre les infections sexuellement transmissibles mais moins sur le plan contraceptif", constate Delphine Rahib, chargée de l'étude.
Un taux de contraception élevé. Mais si la pilule baisse, il n'y a pas pour autant "de désaffection vis-à-vis de la contraception", poursuit l'étude. De fait, la proportion de femmes déclarant n'utiliser aucune méthode est en baisse avec 8% en 2016 contre 9,1% en 2013 et 13,6 en 2010. Moins de 5% de femmes utilisent des méthodes dites "traditionnelles" telles que la symptothermie, la méthode des températures et le retrait.
*Enquête réalisée du 8 janvier au 1er août auprès de 4.315 femmes âgées de 15 à 49 ans concernées par la contraception.