Plus de 7.752 personnes sont mortes du coronavirus dans les Ehpad et les établissements médico-sociaux depuis le début de l'épidémie en France. À Paris, des familles reprochent à l'Ehpad Les Parentèles de la Rue Blanche, un établissement "haut de gamme" du 9e arrondissement spécialisé dans la maladie d'Alzheimer, d'avoir mal géré la crise. Dans cet Ehpad de quelque 70 résidents, la direction reconnaît 14 décès. Une plainte contre X a été déposée lundi pour "mise en danger de la vie d'autrui".
Quand Muriel apprend que sa mère, résidente septuagénaire, est en grave détresse respiratoire, celle-ci est déjà sur le départ pour l'hôpital. Elle y meurt le lendemain. Pourtant, Muriel raconte à Europe 1 n'avoir jamais été alertée sur l'état de sa mère : "Je suis sûre qu'avant la détresse respiratoire, il y a eu des signes. Il était évident que pour des personnes fragiles comme celles-ci, il faut vérifier la température, et ça n’a pas été fait. On dirait qu'il n'y a eu aucun plan pour faire face à une crise comme celle-ci et, surtout, qu'ils ont caché des choses. On ne demande pas grand-chose, seulement la vérité. On n'a jamais eu un appel de la direction. On ne sait pas ce qui s’est passé."
Un personnel "pas pourvu en masques"
Dans l'établissement parisien, les familles estiment que ce bilan, communiqué un mois après l’introduction du virus, est sous-estimé. Certains s'inquiètent pour leurs proches encore sur place. C'est le cas de Marie-Sophie : "Quand on a demandé les mesures qui avaient été mises en place, j'ai eu une réponse laconique : les résidents se réjouissent de nos spécialités chocolatées… C'est une hécatombe dans le silence." Elle a donc décidé de porter plainte pour mise en danger de la vie d'autrui.
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Certains décès auraient-ils pu être évités ? En poste mi-mars, une ancienne infirmière de l'Ehpad raconte avoir alerté en vain sur la nécessité d'isoler certains patients : "Je me rends compte qu'il y a plusieurs personnes qui commencent à tousser, à avoir le nez qui coule, à avoir des symptômes respiratoires, sachant que le personnel n’était pas pourvu en masques ! Et quand le personnel mettait un masque, ils nous disaient 'Retirez les masques, vous allez effrayer tout le monde !' Il y a une accumulation de négligences qui ont fait que cette situation compliquée n'a fait que accroître, et les résidents tombent comme des mouches, les uns après les autres." Depuis, cette soignante a préféré démissionner.
Contactée, la direction de l'Ehpad appartenant au groupe Almage a répondu par mail : elle estime n'avoir pas manqué aux mesures de protection prévues par le gouvernement.