Coronavirus : Angela Merkel se dit prête à revenir sur la règle du zéro déficit en Allemagne

Angela Merkel s'est dite prête à revenir sur la sacro-sainte règle du zéro déficit public en Allemagne. © Tobias SCHWARZ / AFP
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avec AFP , modifié à

Lors d'une conférence de presse, la chancelière allemande, Angela Merkel, s'est dit prête à revenir sur la règle du zéro déficit en Allemagne pour faire face à l'épidémie de coronavirus. Partout dans le monde, les gouvernements et les banques centrales se mobilisent pour faire face aux conséquences économiques de l'épidémie.

La chancelière allemande, Angela Merkel, s'est dite prête mercredi à revenir sur la sacro-sainte règle du zéro déficit public en Allemagne pour faire face à l'épidémie de coronavirus. "Il s'agit d'une situation extraordinaire, nous ferons ce qui est nécessaire [...] nous le ferons pour que nous puissions nous sortir de cette situation et, après coup, nous verrons ce que cela a signifié pour notre budget", a assuré lors d'une conférence de presse la chancelière, précisant que mettre fin à l'épidémie passait "en premier".

Elle était interrogée sur le fait de savoir si elle était prête à remettre en cause l'impératif de l'équilibre budgétaire en Allemagne, qui dicte la conduite du gouvernement depuis maintenant des années et est critiquée par les partenaires de l'Allemagne, comme la France, ainsi que certains institutions internationales. Angela Merkel, qui s'exprimait pour la première fois devant la presse au sujet de l'épidémie, a expliqué que mettre fin à sa propagation passait avant le respect des règles budgétaires. "Une économie comme celle de l'Allemagne, qui est extrêmement dépendante des exportations, est bien sûr encore plus touchée par les défis mondiaux qu'une économie très centrée sur elle-même", a fait valoir la chancelière.

Règle constitutionnelle

Son gouvernement devrait ainsi présenter vendredi des mesures pour relancer l'économie, en direction par exemple des hôtels et restaurants. Il prépare concrètement des prêts publics aux entreprises confrontées à des difficultés de trésorerie. Le dogme budgétaire allemand repose sur deux règles : l'interdiction inscrite dans la Constitution de contracter toute nouvelle dette fédérale excédant 0,35% du PIB, dite "Schuldenbremse" (frein à la dette), et l'engagement supplémentaire d'un budget fédéral au moins à l'équilibre ("Schwarze Null"), respecté depuis 2014. La règle constitutionnelle prévoit néanmoins des dérogations en cas de crise économique, catastrophe naturelle ou "situations d'urgence extraordinaires", offrant donc des marges de manœuvre au gouvernement.

 

La chancelière allemande a en outre confirmé que l'Union européenne prônait une approche "flexible" du Pacte de stabilité européen, qui limite en principe à 3% par an le déficit public des différents pays membres. "Nous gérerons le Pacte de stabilité et de croissance avec souplesse au niveau européen, c'était une conclusion importante" mardi de la réunion extraordinaire entre les 27 chefs d'Etat et de gouvernement par visioconférence, a souligné la chancelière.

"Je pense que le Pacte dispose d'une flexibilité suffisante pour les situations inhabituelles, et cela signifie qu'un pays comme l'Italie [...] nous ne lui disons naturellement pas qu'il ne peut pas investir dans son système de santé du fait d'une règle sur la dette", a-t-elle détaillé, martelant que la situation était "inhabituelle". Ces propos vont dans le sens de ce que demande la France en particulier. Mardi, le président français Emmanuel Macron a souhaité que "la contrainte budgétaire" ne soit "pas un rempart" à d'éventuelles mesures pour soutenir l'économie.