Alors que le dernier bilan du coronavirus fait était de 1.350 morts et de plus de 60.000 contaminations, en France deux des 11 patients hospitalisés sont désormais guéris et ont pu quitter l’hôpital Bichat mercredi. Yazdan Yazdanpanah, infectiologue à l'hôpital Bichat, directeur de l'Institut de l'infectiologie à l'Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale) étaient en charge de ces deux patients. "Ils étaient hospitalisés depuis le 24 janvier, c’étaient les premiers", précise l’infectiologue, jeudi sur Europe 1. "Ils n’avaient plus de symptômes, et les prélèvements étaient négatifs".
Il donne également des nouvelles des autres patients hospitalisés. "L'octogénaire hospitalisé ne va pas bien, il est toujours dans un état grave. Il est en réanimation et ventilation assisté. En revanche, l'autre patiente va bien."
"Il faut faire attention aux chiffres"
Mercredi, une nouvelle étude réalisée en Chine sur 1.099 personnes contaminées révèle de nouvelles informations sur le coronavirus. La durée d’incubation serait plus longue, de 14 à 24 jours, la fièvre ne serait pas un symptôme systématique et la mortalité de la maladie aurait été surestimée.
"Il faut faire attention aux chiffres. La durée d’incubation signifie le temps entre l’exposition au virus et le début des symptômes, et elle est d'en moyenne 5 jours", décrypte Yazdan Yazdanpanah. "L’étude montre que ça peut aller jusqu’à 24 jours mais on ne sait pas si les données sont vraies. Et même si elles sont vraies, ce sont des cas exceptionnels. Je pense qu’il faut retenir la même définition c’est-à-dire une moyenne de 5 jours avec, à l’extrême, une incubation pouvant aller jusqu’à 14 jours."
Pour l'infectiologue, nul besoin de changer les pratiques et notamment la durée de la quarantaine. "Pour arrêter l’épidémie, il ne faut pas regarder les extrêmes, il faut s’occuper de ce qui est confirmé. Beaucoup de chose sont publiées, il faut être prudent".
"Si on élargit trop, on va tester les gens pour rien"
D'après l'étude, le virus pourrait aussi se trouver dans les selles des malades infectés. C'était le cas pour quatre patients sur 62 selon les experts chinois. "Le fait de trouver le virus dans les selles ne signifie pas contagion", précise le directeur de l'Inserm. "Le virus peut ne pas être contagieux quand on le trouve. On peut aussi ne pas avoir de fièvre, même si c’est rare. La transmission se fait par la voie respiratoire, c’est la voie la plus fréquente. Cela étant, cela peut aussi se transmettre par le contact parfois, c’est pour ça qu’on dit de se laver les mains", rappelle-t-il.
Yazdan Yazdanpanah se veut pragmatique. Pour lui, le meilleur moyen d'endiguer l'épidémie est de faire confiance à ce que les scientifiques français ont déjà confirmé sur les contaminations potentielles. "La définition en France c’est de venir d'une zone où l'épidémie est présente, avec de la fièvre ou une sensation de fièvre. Avec ça, on peut détecter plus de 90% des cas. Certes, il y a toujours des failles, mais si on élargit trop, on va tester les gens pour rien et cela aura un impact négatif sur notre système de santé."
"On n’a pas tout compris mais on sait beaucoup plus de choses. Avec ce que l’on sait, on peut lutter contre le virus. Ce qui est le plus important c’est de détecter un malade et de l’isoler", ajoute le scientifique. Concernant un éventuel médicament ou vaccin, "pour l’instant, nous n'avons pas de traitement spécifique. Nous avons des pistes, des candidats potentiels mais pas de de candidats spécifiques", souligne-t-il.