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Mathilde Durand , modifié à
L'épidémiologiste Martin Blachier n'écarte pas le risque d'une reprise de la première vague épidémique. "On n'a pas les moyens de dire que cela ne circule pas, puisque cela circule très probablement chez les jeunes, qui sont asymptomatiques et qu'on ne teste pas en systématique", explique-t-il sur Europe 1.
INTERVIEW

Le reflux épidémique semble se poursuivre en France, néanmoins certains experts pointent le risque d'une deuxième vague de coronavirus. L'épidémiologiste Martin Blachier préfère évoquer "la première vague qui reprend ou une recirculation virale". Prenant l'exemple de la situation au sud des Etats-Unis, il explique pourquoi les cas de contaminations peuvent repartir en France. 

Une circulation probable chez les jeunes, asymptomatiques

Si le confinement a permis de stopper la première vague, elle n'est pas pour autant terminée selon l'épidémiologiste. "Si on relâche la pression sur le virus, il va vouloir terminer son cycle de vie", explique Martin Blachier. "La première chose qu'il se passe, c’est que ce sont les jeunes qui vont se recontaminer, puisque ce sont les jeunes qui se déconfinent largement. A ce moment-là, des chaînes de contamination se mettent en place. Elles passent essentiellement inaperçues à mon sens, car ce sont essentiellement des jeunes qui sont asymptomatiques." Selon les autorités sanitaires de Floride ou du Texas, la moyenne d'âge des contaminations a, en effet, diminué de 65 ans à 33 ans. 

Martin Blachier appelle à la vigilance, notamment pour les personnes à risque. "La France est déconfinée, mais entre le 11 mai et le 22 juin, elle s'est très peu déconfinée. Les conditions d’une reprise de l'épidémie n’étaient pas présentes. A partir du 22 juin, il y a des conditions pour que les chaînes de contamination se remettent en place", nuance-t-il. "Je ne pense pas que les investigations menées uniquement sur des clusters permettent d’identifier de manière objective et claire les recirculations virales."

Élargir les campagnes de tests

"On n'a pas les moyens de dire que le virus ne circule pas, puisqu'il circule très probablement chez les jeunes, qu'on ne teste pas systématiquement", précise le médecin. Il salue ainsi les campagnes de tests massives annoncées par le ministre de la Santé. Une expérimentation qui aura notamment lieu en Île-de-France, avec des bons de dépistages envoyés à 1,3 millions de personnes, qu'ils aient ou non des symptômes. "On a raison d'être proactif et de chercher vraiment ce qu'il en est de cette circulation virale, plutôt que de tester simplement quelques clusters", assure Martin Blachier. "Rien ne dit que ce qu'il s'est passé en janvier, février, mars ne se reproduise pas en juin, juillet, août." 

Le médecin estime que le pays serait mieux préparé, en cas d'une recirculation importante du virus. "La population vulnérable est consciente du danger", énumère Martin Blachier. "Les gestes barrières font que la courbe sera moins violente, le système de santé est plus préparé."