Coronavirus : pourquoi les mesures de crise ne concernent ni la Ligue 1, ni les transports ?

"Aujourd'hui, arrêter les transports en commun serait une décision économiquement très grave pour un gain finalement faible", estime Sélim Miled (photo d'illustration). © JEAN AYISSI / AFP
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Antoine Terrel

Invité samedi d'Europe 1, Sélim Miled, président de la société Crysalide et expert en gestion de crise, est revenu sur les annonces par le gouvernement de nouvelles mesures pour lutter contre la propagation du coronavirus. "La gestion de crise ne fait jamais du zéro risque", explique-t-il, jugeant justifié de ne pas suspendre pour l'instant la circulation des transports en commun ou les matches de Ligue 1. 

Face à l'épidémie de coronavirus, le gouvernement est passé samedi à la vitesse supérieure. Le ministre le la Santé a en effet annoncé que tous les "rassemblements de plus de 5.000 personnes" en milieu fermé et certains événements en extérieur, comme le semi-marathon de Paris dimanche, seront annulés en France. Invité d'Europe 1, Sélim Miled, président de la société Crysalide et expert en gestion de crise, a expliqué les différentes phases d'une bonne gestion de crise par les autorités sanitaires, et défendu l'action du gouvernement. 

Pourquoi les matches de ligue 1 sont-ils maintenus ? 

La définition des périmètres des annulation d’événements relève "de l'expertise", indique Sélim Miled. "Le sujet est discuté avec des médecins, des épidémiologistes, on fait une évaluation de risque et à un moment, il faut bien choisir des seuils". "On prend en compte la manière dont le virus circule, pour définir le niveau de risque par rapport à l'environnement", explique-t-il encore. "En l'occurrence, la circulation la circulation de l'air est extrêmement importante, et lorsqu'on est dans un stade ouvert avec de l'air qui va circuler, les gens ne sont pas dans un environnement confiné où ils vont s'échanger le virus plus facilement. Le risque n'est pas le même que les salles de concert". 

Mais des personnes infectées ne pourraient-elles pas se rendre dans les stades à l'occasion des différents matches de Ligue 1 ? "La gestion de crise ne fait jamais du zéro risque", répond Sélim Miled. "On fait une adaptation des moyens, suffisants et nécessaires, par rapport au risque qu'on a en face de nous, et on réévalue en permanence". Or, ajoute-t-il, "vu le niveau de risque, il semble suffisant de partir sur cette base-là". Bien sûr, reconnaît-il, "il y a une chance sur 10.000 ou sur 100.000 que quelqu'un d'infecté vienne dans un stade, mais on a jaugé le risque par rapport à la complexité de la mise en oeuvre des moyens". 

Quid des transports en commun ? 

"Aujourd'hui, arrêter les transports en commun serait une décision économiquement très grave pour un gain finalement faible", estime Sélim Miled. Selon l'expert, si on respecte les mesures d'hygiène élémentaires pendant son trajet, "voyager en transports en commun n'est pas risqué". "Ce n'est pas un risque suffisant pour impacter si gravement la vie des Français et l'économie", indique l'invité d'Europe 1. 

Des réévaluations permanentes

Concernant les stades de football, "aujourd'hui, la décision est celle-ci. Peut-être sera-t-elle réévaluée demain", nuance toutefois Sélim Miled, selon qui, "c'est le principe d'incertitude en gestion de crise". "On fait des anticipations, on voit dans quelle direction la situation peut évoluer, on met les grandes lignes des décisions qu'on prendra selon les scénarios, et chaque jour, on réévalue ces hypothèses d’évaluation et d'émancipation (...) pour avancer et ne pas se faire surprendre", dit-il encore. "Tous les jours, on réévalue". 

"On teste des choses", indique Sélim Miled, "ce qui permet de s'adapter tout le temps". "On va partir sur une direction, peut-être prendre la décision d'annuler un certain type d’événement pour voir quel est l'impact sur la propagation du virus, et en fonction, on va apprendre plus et réévaluer et réadapter le lendemain". 

La gestion du gouvernement "efficace" 

Selon Sélim Miled, la gestion de crise actuelle est "efficace, adaptée, avec un bon emploi du principe de précaution". "On a pu avoir un retard au démarrage sur les recommandations aux entreprises", note cependant l'expert.