De nombreux hôpitaux ont renoué avec l'utilisation de désinfectants chimiques. Photo d'illustration. 2:19
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Virginie Salmen, édité par Antoine Terrel
De nombreux hôpitaux ont renoué avec l'utilisation massive de désinfectants chimiques depuis le début de l'épidémie de coronavirus. Mais des médecins rappellent leurs risques pour la santé, et appellent à un usage plus régulé. 

Quand la crise sanitaire fait réadopter de mauvais réflexes. Depuis le début de la pandémie de coronavirus, pour entretenir leurs locaux et sous prétexte d'éradiquer au mieux le virus, de nombreux hôpitaux ont ressorti du placard des désinfectants chimiques. Mais les médecins alertent sur leur usage massif et ses conséquences pour la santé. 

Ces désinfectants chimiques puissants qu'on appelle des biocides avaient été remplacés par des produits moins nocifs pour l'environnement et la santé humaine depuis quelques années. Mais avec l'apparition du coronavirus, dans  beaucoup d'hôpitaux, on a ressorti ces produits décapants malgré les risques. Médecin hygiéniste à l'hôpital d'Hyères, le docteur Philippe Carenco alerte : "Ces biocides sont utilisés avec frénésie dans le cadre du Covid, la plupart du temps sans aucune justification, pas même du point de vue médical ou scientifique", explique-t-il au micro d'Europe 1. 

Ces produits, ajoute-t-il, "sont responsables de nombreuses maladies professionnelles, en particulier des maladies respiratoires comme l'asthme professionnel ou des maladies dermatologiques".

Revenir à un usage régulé

Mais surtout, ces produits renforcent la résistance des bactéries. Pour le professeur Carenco, on est en train de créer les bactéries résistantes de demain parce qu'on veut trop désinfecter en cette période de pandémie. Le principal risque est de rendre ces bactéries résistantes aux antibiotiques, et donc de créer de redoutables maladies nosocomiales à force de faire du zèle en matière de nettoyage. 

Cela vaut pour les utilisations de désinfectants à l'hôpital, mais également pour les utilisations de désinfectants grands publics. Les médecins du Comité développement durable santé alertent sur ces sujets depuis une quinzaine d'années. Ils ne recommandant pas d'arrêter, mais de revenir à un usage régulé. A l'hôpital, par exemple, on pourrait diviser leur utilisation par deux, et c'est ce qu'ont déjà fait plusieurs centaines d'hôpitaux en Provence-Alpes-Côte d'Azur. 

On peut recourir à des chiffons microfibres

Mais qu'utiliser à la place ? On peut recourir à des chiffons microfibres ou des machines à vapeur, des méthodes sans produits chimiques qui sont même plus efficaces en matière de prévention désinfection selon les médecins. Dans certains hôpitaux, on utilise aussi des produits nettoyants à base de probiotiques. Ce sont de bonnes bactéries qu'on répand pour éviter que des bactéries délétères se développent. 

Ces méthodes ne sont pas du tout anecdotiques. 93% des professionnels de santé sondés ont adopté ou se disent prêts à adopter ces pratiques pour réduire les impacts environnementaux, mais aussi sociétaux et sociaux des hôpitaux.