Coronavirus en Guyane : des moyens d'ampleur face à "une crise de longue haleine"

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Pauline Rouquette

Alors que la Guyane est actuellement le département français le plus touché par le coronavirus, ses trois hôpitaux ont déclenché leur plan blanc tandis que le gouvernement a annoncé la venue d'un "directeur de crise". Invité d'Europe 1, dimanche soir, le préfet de Guyane, Marc Del Grande, a expliqué les mesures mises en place pour éviter la propagation du virus, et un débordement du système hospitalier.

"Nous ne sommes pas loin du pic épidémique, qui va arriver dans les prochains jours", affirme Marc Del Grande, préfet de Guyane, invité d'Europe 1, dimanche. La Guyane frôlait les 5.000 cas, samedi, (4.913 cas, +355 cas en 24 heures), dont 129 patients hospitalisés, 23 en réanimation, et 16 décès, poussant ses trois hôpitaux à déclencher le "plan blanc" pour faire face à l’épidémie qui s’accélère. La Guyane est actuellement le département français le plus touché par le Covid-19. Au micro d'Europe 1, Marc Del Grande est revenu sur les mesures déployées sur place pour freiner l'épidémie et éviter une saturation du système hospitalier.

Personnels soignants en renfort, envoi de matériel sanitaire

Des mesures ont par ailleurs été mises en place pour renforcer ses capacités hospitalières. "Cette semaine, on a eu 23 personnels soignants arrivés en renforts et une cinquantaine arriveront la semaine prochaine", affirme Marc Del Grande, évoquant également 130 réservistes agissant, depuis un mois, "au profit du renforcement de nos capacités sanitaires, des hôpitaux, des capacités de prélèvement, et de projection sur les différents points de notre territoire". Un territoire grand comme le Portugal.

Un hôpital de campagne de la sécurité civile a par ailleurs été installé au centre hospitalier de Cayenne. "Il est capable de gérer vingt patients non-Covid, permettant au centre hospitalier de se concentrer sur les patients Covid", explique le préfet.

Le coronavirus ayant flambé en décalé en Guyane par rapport à l’Hexagone, le département n’a pas autant souffert de la pénurie de matériel sanitaire. Aussi, ajoute Marc Del Grande, "près de 4 millions de masques chirurgicaux, 400.000 masques FFP2 et 120 blouses et surblouses sont arrivés récemment et permettent aux soignants guyanais de donner leur maximum".

En revanche, la Guyane a vécu, au même rythme que le reste de la France, le début du confinement. Un confinement dont elle n’est, eu égard à l’augmentation des cas, pas encore totalement sorti.

Transferts de patients vers les Antilles

"Pour l’instant, nous ne voyons pas le bout du tunnel", déplore Marc Del Grande qui ajoute que, confinée depuis la mi-mars, "la Guyane vit une crise de longue haleine". Aussi, des confinements ciblés ont été mis en place dans les quartiers les plus touchés, et des couvres-feux sont prévus quotidiennement de 17h à 5h. "Le but est que les Guyanais, qui font preuve d’une grande résilience, ne se déplacent que pour assurer leurs besoins vitaux et aller travailler", précise l'invité d'Europe 1.

Par ailleurs, un avion militaire a été déployé pour effectuer des évacuations sanitaires vers les Antilles. "Deux ont déjà été effectuées, d’autres sont prévues lundi", précise Marc Del Grande.

En effet, précise-t-il, "la Guyane ne peut pas compter sur ses voisins, le Suriname et l’Amapa (région brésilienne frontalière de la Guyane française, NDLR), qui n’ont pas les capacités pour accueillir nos patients". La seule solution demeure donc les Antilles ou l’Hexagone, "ce qui complique les manœuvres de transferts de patients".