La France se prépare à un couvre-feu dans les grandes villes les plus touchées par le coronavirus. Face à la résurgence de la pandémie, le gouvernement pourrait annoncer mercredi soir cette mesure, notamment à Paris. Mais d’un point de vue sanitaire, le couvre-feu est-il efficace ? La plupart des épidémiologistes en sont convaincus. Europe 1 vous explique pourquoi.
Des chiffres inquiétants chez les jeunes
Avec le couvre-feu, les autorités comptent cibler les rencontres en soirée et les fêtes tardives, responsables de nombreux cas de contaminations. Le taux d'incidence chez les 20-30 ans à Paris vient ainsi de dépasser les 800 cas pour 100.000 habitants, quand le seuil d'alerte est fixé à 50. Au cœur de l'été, quand les chiffres commençaient à remonter notamment chez les jeunes, certains épidémiologistes les plus "rassuristes" parlaient pourtant d'épidémie "sans malades". C'est à dire qu'au moment où les contaminations remontaient doucement chez les jeunes, il y a avait peu de patients en réanimation et peu de personnes âgées infectées.
Sauf que début septembre, les premiers patients sont arrivés en réanimation, presque tous âgés entre 55 et 75 ans. Et selon de nombreux spécialistes, ce sont bien les jeunes, très souvent asymptomatiques, qui dans la sphère privée, contaminent leurs parents et leurs grands parents.
Limiter les interactions sociales pour casser les chaînes de contamination
Pour Bruno Megarbane, chef du service de réanimation à l'hôpital Lariboisière à Paris, le couvre-feu peut justement agir à la racine du mal. "En instaurant un couvre-feu à certaines heures, on va restreindre la circulation des personnes, notamment des personnes jeunes, voire restreindre l'interaction sociale. De fait, on pourrait casser la circulation du virus et donc, par ricochet, le risque de contamination intrafamiliale des personnes plus âgées", assure le médecin.
Si le couvre-feu est appliqué à des grandes villes comme Paris, cette mesure va toucher l'ensemble de la population. Tout l'enjeu sera de ne pas stigmatiser les jeunes. "Ça pourrait avoir un effet contreproductif", glisse un conseiller du ministre de la Santé d'Olivier Véran. Avec le couvre-feu, tout le monde sera bien concerné mais ce seront bien les jeunes qui seront visés en premier.
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L’exemple de la Guyane
Le couvre-feu a déjà été expérimenté en Guyane depuis le mois de mai. Un temps très strict, le dispositif, qui a beaucoup varié dans l'espace et le temps, a été toutefois progressivement assoupli avec le ralentissement de l'épidémie. Dans ce département français d'Amérique du Sud, depuis fin septembre, l'interdiction de déplacement s'étend désormais de minuit à 5h du matin du lundi au dimanche.
La mesure a en tout cas été jugée "très efficace" par les autorités, qui ont observé une nette diminution des contaminations. "Le nombre de cas a cessé d'augmenter" très rapidement après la mise en place de ces mesures, a assuré Clara de Bort, la directrice de l’ARS de Guyane.