"Le gros de la vague est encore devant nous" a déclaré Rémi Salomon, chef de service à l'hôpital Necker et président de la Commission médicale d'établissement centrale de l'AP-HP, invité du Grand journal du soir sur Europe 1, samedi. Il réagissait à la conférence de presse d'Edouard Philippe et d'Olivier Véran, au même moment, pour répondre aux questions des Français au sujet du coronavirus.
Le Premier ministre a, en effet, expliqué que la France n'était encore qu'"au début de l'épidémie". "Le combat ne fait que commencer", a-t-il, ainsi, prévenu avant d'ajouter : "les 15 premiers jours d'avril vont être encore plus difficiles que les 15 jours qui viennent de s'écouler".
Une prise en charge en réanimation pouvant aller jusqu'à cinq semaines
Le chef de service à l'hôpital Necker est particulièrement inquiet par la situation dans le Grand est et la région parisienne où l'on n'est "pas loin de la saturation des services hospitaliers et notamment des services de réanimation", décrivant "une maladie terrible qui touche les poumons en premier et induit une insuffisance respiratoire qui nécessite, dans les cas sévères, une hospitalisation, une oxygénothérapie, c'est-à-dire qu'on met de l'oxygène par le nez. Et, dans les cas les plus sévères, si cela ne suffit pas, on est obligé de procéder à une intubation c'est-à-dire à une ventilation avec machine, assistée".
D'autant que cette ventilation assistée peut durer plusieurs semaines : deux, trois, parfois quatre ou cinq semaines. "C'est donc à la fois un problème car ça prend des places de réanimation pendant toute cette durée, et, car c'est très lourd en terme de mortalité : chez les personnes fragiles cette période de réanimation est très dangereuse et elle conduit malheureusement souvent au décès quand on a des gens âgés et fragiles", regrette Rémi Salomon.
La crainte d'une pénurie de médicaments
"Cette réanimation lourde nécessite donc d'avoir des réanimateurs, du matériel et surtout du personnel en plus", insiste-t-il, soulignant la difficulté à laquelle sont confrontés les hôpitaux devant "réaffecter du personnel dans ces services de réanimation". Car "les places commencent à être de plus en plus difficiles à trouver", déplore président de la Commission médicale d'établissement centrale de l'AP-HP, qui décrit une "course contre la montre".
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Et ce n'est pas le seul point qui inquiète Rémi Salomon. En effet, il souligne également le risque d'une pénurie des médicaments utilisés en réanimation. Des anesthésiants, sédatifs, antibiotiques, essentiels mais dont la consommation enregistre une hausse exponentielle, faisant naître la crainte "que les productions n'arrivent pas à suivre". "Nous alertons les autorités pour que le maximum soit fait aujourd'hui afin que l'ensemble des industries pharmaceutiques et des gouvernements se coordonnent pour assurer la production de ces molécules", appelle-t-il.