Selon Catherine Hill, la politique de dépistage est inefficace en France aujourd'hui (photo d'illustration). 0:59
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Ariel Guez , modifié à
Invitée de la matinale d'Europe 1, l'épidémiologiste Catherine Hill est revenue sur la progression de l'épidémie de coronavirus en France, lundi. Elle affirme que la politique de dépistage aujourd'hui déployée sur le territoire est inefficace et met en cause les chiffres données par les autorités sanitaires, qui ne sont, selon elle, que "la partie immergée de l'iceberg".
INTERVIEW

Vers une deuxième vague de l'épidémie en France ? 3.015 nouveaux cas de Covid-19 ont été confirmés en France dans les dernières 24 heures, selon des chiffres de Santé Publique France mis en ligne dimanche soir. Invité de la matinale d'Europe 1, l'épidémiologiste Catherine Hill s'est dite "plutôt inquiète", car selon elle, ces chiffres ne sont que "la partie immergée de l'iceberg". "Ce sont les cas qu’on nous donne et qu'on a testé, mais il y a des cas qu’on n'a pas testé et qui échappent aux radars", justifie la médecin. "Peut-être qu’il faut multiplier par dix le nombre de cas connus pour avoir la vraie présence du virus dans la population", explique Catherine Hill, se basant sur une étude de chercheurs de la Sorbonne et de l'Inserm. "On n’a jamais contrôlé l’épidémie", lâche-t-elle au micro d'Europe 1.

"Il faut que les tests aillent aux gens et pas que les gens aillent aux tests"

Interrogée sur la politique de dépistage mise en place par les autorités sanitaires depuis le début de la crise, Catherine Hill fustige la stratégie du gouvernement. "On les fait très mal, à n'importe qui, n’importe où et n’importe quand : on gâche de l’argent !" lance-t-elle au micro d'Europe 1. L'épidémiologiste appelle ainsi à "organiser autrement" le système de tests. "Il faut que les tests aillent aux gens et pas que les gens aillent aux tests", et mettre en place, selon elle, un dispositif global le plus tôt possible. "Paris va organiser des tests à la rentrée, mais pourquoi attendre ?"

"Cibler les jeunes, c’est une erreur"

Aussi, l'épidémiologiste appelle à cibler les personnes les plus à risque et non pas les jeunes, comme cela se fait actuellement. "Cibler les jeunes, c’est une erreur, parce que ceux qui sont vraiment malades et qui sont les plus à risque de mourir, ce sont les personnes âgées. Donc tout le monde doit faire attention parce que tout le monde croise des gens d’âges différents", rappelle Catherine Hill. Tester "massivement" les plus âgés et les résidents dans les Ehpad, "ce serait nettement plus efficace", soutient-elle. 

"On n'a jamais fait ce qu’il fallait faire depuis le début"

Alors que Jean Castex a appelé mardi les Français à "se ressaisir" pour éviter une reprise de l'épidémie, Catherine Hill dénonce aussi les propos du Premier ministre. "C'est quand même assez formidable, on essaie de dire aux gens qu’en fait, c’est de leur faute ce qu’il se passe", déplore l’épidémiologiste. "Alors qu’on n'a jamais fait ce qu’il fallait faire depuis le début : tester massivement la population pour trouver les gens qui sont contagieux et les isoler vite pour éviter qu’ils contaminent autour d’eux", dénonce Catherine Hill, qui affirme qu'aujourd'hui, "on teste les gens quand ils deviennent symptomatiques et on leur donne les résultats trois jours après, donc ça ne sert à rien".