Et si, pour endiguer la propagation du coronavirus, le déconfinement aboutissait à un nouveau confinement ? Cette stratégie, connue sous le nom du "Stop and Go", pourrait être mise en place en France. Car, comme l'a annoncé Edouard Philippe dans son discours à l'Assemblée nationale, la date du 11 mai choisie par l'exécutif pour le déconfinement ne sera appliquée que si les conditions sanitaires sont réunies. Mais pour le professeur Martin Blachier, médecin de santé publique et dirigeant du Public health expertise, prolonger le confinement n'aurait aucun effet sur le Covid-19.
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Faut-il prolonger le confinement au-delà du 11 mai ?
"L’impact du confinement sur la première vague est complet à partir du 11 mai", assure Martin Blachier au micro d'Europe 1. "Attendre, ce serait maintenir le couvercle sur l’épidémie une semaine de plus, donc ça aurait des conséquences socio-économiques et sanitaires dommageables et ça n’apporterait rien sur l’épidémie", affirme le professeur.
Y a-t-il un risque de deuxième vague ?
En revanche, selon l'étude que Public health expertise a menée, s'appuyant sur les données de l'Institut Pasteur et de l'université américaine de Columbia, le virus n'aurait pas de saisonnalité. Il se comporterait dans les prochaines semaines comme il s'est déjà comporté depuis le début de la pandémie. "Si on considère que le Covid-19 va se comporter de la même manière que précédemment, même avec des mesures comme les gestes barrières et les masques, on pense qu’il y aura une seconde vague", prévient Martin Blachier.
Dans cette deuxième vague, les gestes barrières, les tests et le port du masque auront un impact, affirme Martin Blachier. "C’est très efficace pour aplatir la courbe comme on l’a beaucoup dit au début de cette épidémie", explique-t-il. "Si le virus se comporte comme il s’est déjà comporté, ces trois mesures permettront de ralentir la reprise épidémique." Sans toutefois l'empêcher totalement.
Faut-il déconfinement différencié ?
À ce moment-là, prévient Martin Blachier, "il faudra faire attention aux gens qui risquent de faire des causes sévères. Sinon les mêmes causes entraîneront les mêmes effets", donc une saturation des services d'urgences et, à termes, un (re)confinement général.
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Selon les conclusions de l'étude menée par Public health expertise, sans politique forte de gestes barrières, le bilan total du coronavirus pourrait atteindre 200.000 morts en France. Pour éviter que le nombre de morts dépasse les 30.000, il faudrait protéger toutes les personnes vulnérables durant 38 semaines jusqu’au 8 février 2021.
Ainsi, le professeur demande à ouvrir le débat sur des stratégies différenciées en fonction des individus, comme un confinement par tranches d'âges, chose qui avait été refusée par Emmanuel Macron. "C'est quelque chose qui doit être débattu et discuté", explique cependant Martin Blachier. "Je ne comprends pas qu’on ne prenne pas en compte l'hétérogénéité du risque, et qu’on fasse comme si tout le monde était égal face au virus. Il y a des solutions, il faut voir le problème et accepter d’en discuter."
La solution réside-t-elle dans un dépistage massif ?
Néanmoins, le professeur prévient : si les tests ont un impact sur le coronavirus, toute la stratégie de lutte contre l'épidémie ne peut passer uniquement par ce biais. Martin Blachier prend l'exemple du modèle sud-coréen, loué pour sa politique de tests. "Le testing ne peut pas expliquer les courbes épidémiques coréennes", affirme le professeur. Ce qui les explique, avance-t-il, est l'importante distanciation physique.
"On croit qu’en faisant du testing, on va être capable de contrôler cette épidémie. (...) C'est utile mais beaucoup moins que la distanciation physique ou le port du masque", conclut Martin Blachier.