Le constat est alarmant. Alors que 96.678 personnes sont mortes en France depuis le début de l'épidémie de coronavirus, la mortalité touche particulièrement les personnes immigrées. Selon des chiffres publiés par l'INSEE et recensant toutes les personnes décédées sur l'ensemble de l'année 2020, les immigrés représentent près de 50% des décès.
En Île-de-France et dans le Grand Est, on compte ainsi deux fois plus de décès dans les communautés asiatique et maghrébine. Mais comment expliquer ces chiffres ? Ce sont deux régions touchées de plein fouet par la première vague, avec en plus une forte précarité chez les immigrés comme le souligne Valérie Roux, la cheffe du département de la démographie à l'Insee. "Ces populations vivent plus nombreux dans des logements plus petits, ce qui peut favoriser la circulation du virus, et travaillent un peu plus souvent que les personnes nées en France dans les secteurs clés qui ont continué à travailler en mars-avril 2020", explique-t-elle au micro d'Europe 1.
Un accès au soin inégal
Et alors que les comorbidités sont plus fréquentes chez les personnes nées à l'étranger, leur accès aux soins diminue face à la surcharge de travail des soignants. "Le fait qu'il n'y ait pas, ou plus difficilement de traduction, rend la communication plus difficile et ça peut amener soit des personnes à ne pas y aller soit à ne pas pouvoir communiquer dans de bonnes conditions avec le personnel médical", indique Patrick Simon, chercheur à l'INED, l'Institut d'études démographiques.
Cette surmortalité est encore plus frappante chez hommes. Chez les immigrés africains, les décès augmentent ainsi de 131 %, contre 88 % pour les femmes.