A mesure que les bilans quotidiens s’enchaînent, le spectre d’une reprise épidémique semble s’éloigner. Depuis plusieurs semaines, les hospitalisations et les réanimations ont en effet baissé, même après le déconfinement, le 11 mai dernier. Le docteur Yonathan Freund, médecin urgentiste à l’hôpital de la Pitié Salpêtrière à Paris, en est persuadé : "On est à des kilomètres d’une deuxième vague." Il a expliqué les raisons de son optimisme mercredi dans l’émission Sans rendez-vous, sur Europe 1.
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"Pas de deuxième vague cet été", mais…
"Je suis convaincu qu’il n’y aura pas de deuxième vague au moment du relâchement du confinement, cet été. J’en suis convaincu mais je n’ai pas de preuves", assure le docteur Freund. "Depuis des semaines on se rend compte qu’il n’y a quasiment plus de cas d’infections aiguës au coronavirus. C’est valable sur la fin du confinement, mais aussi depuis le 11 mai, date de début du déconfinement", argumente l’urgentiste.
"On peut dire que ça ne fait que deux semaines, mais dans certains endroits le confinement n’était pas absolu, on aurait eu des signaux avant-coureurs d’une reprise de l’épidémie. Or, il n’y en a aucun", constate le médecin, qui appelle tout de même à la prudence pour les mois à venir. "En revanche, je ne peux rien dire sur une deuxième vague saisonnière qui pourrait arriver à l’automne", nuance-t-il. Sous-entendu : le coronavirus n’a pas disparu, et pourrait ne pas disparaître avant longtemps.
Le virus "ne cible pas tout le monde"
Deuxième argument avancé par Yonathan Freund : "on se rend compte que ce virus ne cible pas tout le monde." "Il ne peut pas infecter 100% des personnes qu’il va rencontrer. Sur les expériences personnelles et rapportées, il y a une catégorie de la population qui n’est pas touchée, peut-être parce qu’elle est déjà immunisée", relève le docteur.
"Initialement, on avait dit qu’il fallait 60% d’immunisés (au sein d’une population) pour que le virus ne circule pas. Mais il ne faut pas perdre de vue qu’il y a probablement des personnes immunisées sans sérologie positive. Les enfants, pour une raison qu’on ignore, sont quasiment tous protégés contre ce virus. Pourtant, si vous leur faites une sérologie, ils seront tous négatifs", poursuit l’urgentiste, qui a également raconté son expérience au sein des urgences de la Pitié Salpêtrière, à Paris.
"Au bout de deux semaines, une fois que 10 à 15% des collègues ont été contaminés, on n'a eu aucun cas de nouvelles contaminations. On a relâché notre garde sur nos protections, et on n’est plus tombés malades. C’est juste une expérience personnelle, mais j’aimerais bien avoir la clé pour comprendre ça", se demande-t-il.
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"Il faut relâcher de plus en plus vite les mesures restrictives"
Pour autant, pas question pour lui de remettre en cause les mesures de confinements prises par le gouvernement. "On ne remet pas une seconde en cause le confinement, qui avait sauvé des vies", constate l’urgentiste, qui appelle à accélérer le déconfinement au vu de l’évolution de la situation sanitaire. "Maintenant, il faut relâcher au maximum, de plus en plus vite les mesures restrictives. Il ne s’agit pas de tout relâcher, de rouvrir les boîtes de nuit et que tout le monde puisse se cracher dessus (sic)", prévient-il toutefois.
"Il faut être assez optimiste et confiant, et permettre aux gens de retrouver le plus vite possible une activité normale. Ce sera un test : si je me trompe et si l’épidémie reprend immédiatement, on le saura tout de suite. On a l’expérience et des signaux qu’on connaît", ajoute Yonathan Freund.
Et le médecin de rappeler également qu'une mutation n'est pas forcément une mauvaise nouvelle. "Le virus pourrait muter dans un sens comme dans l’autre. La plupart des coronavirus sont tout à fait bénins. Le Covid-19 est devenu méchant, mais qu’est-ce qui nous dit que s’il remute la saison prochaine, il ne va pas remuter comme un gentil coronavirus classique ?"