A l'approche des fêtes de Noël, de nombreux Français envisagent de se faire dépister du Covid-19. Une précaution avant de retrouver les membres de sa famille ou ses amis, mais qui peut s'avérer à double tranchant. Les professionnels craignent un afflux massif dans les pharmacies ou les laboratoires, qu'ils ne pourront absorber dans un temps limité. De nombreux scientifiques pointent également le risque de s'imaginer immunisé, en cas de test négatif. Gilles Bonnefond, président de l’Union Syndicale des pharmaciens, fait le point, lundi, sur Europe 1 et rappelle les bons gestes à adopter.
Attention aux tests négatifs
"Il faut faire très attention. Si on est symptomatique et testé positif, l'affaire est entendue. Il faut s'isoler, donner le nom de ses personnes contacts et qu'elles se fassent dépister. C'est comme ça qu'on arrive à casser des chaînes de contamination ou à faire baisser le taux de contamination dans le pays", explique-t-il. "Si on est négatif, ça ne veut pas dire qu'il va falloir faire la fête, embrasser ses grands-parents, se relâcher. Ce serait la pire des choses parce qu'on payerait cela très cher au mois de janvier".
"Quand on est négatif, ça veut dire qu'on n'a pas été dépisté du virus et donc qu'on n'est pas trop contaminant... mais on peut le devenir dans les heures qui suivent. Donc, il faut continuer les gestes barrières. Si on a une réunion familiale, il ne faut pas que ce soit un drame dans quinze jours. Il ne faut pas s'embrasser. Il ne faut pas se toucher. Il faut toujours faire très attention, aérer les pièces, garder la distance, garder son masque. Et puis pour le repas, on essaie d'être moins nombreux, d'être à distance et de faire attention quand on se fait passer les plats, quand on se passe une cuillère pour se servir. On essaie d'être prudent", rappelle le président de l'Union syndicale des pharmaciens.
Il n'est pas question de fiabilité du test antigénique dans ces cas-là, précise Gilles Bonnefond, mais de la quantité de virus présent au moment du prélèvement via l'écouvillon dans la sphère nasopharyngée. "Ce n'est pas qu'ils sont faussement négatifs, mais comme tous les tests de dépistage, ce n'est jamais du 100%", analyse-t-il. "C'est la qualité du prélèvement qui est important et également la présence du virus dans cette zone-là. Si il n'y a pas beaucoup de virus, on n'arrive pas à le détecter. C'est pourquoi, d'ailleurs, on ne fait pas des prélèvements salivaires. Ce serait plus facile, mais la présence du virus dans la salive est beaucoup moins importante, donc beaucoup plus difficilement détectable."
Priorité aux personnes symptomatiques
Les professionnels de la santé, notamment laboratoires et pharmacies, s'attendent à un "tsunami" dès la semaine prochaine, trois à quatre jours avant les fêtes de fin d'année. "On essaie de s'organiser, de multiplier les équipes par deux, voire trois, on a demandé des renforts avec nos amis infirmiers pour voir comment on peut absorber cet afflux", indique Gilles Bonnefond.
Afin d'éviter les files d'attente inutiles, il conseille de prendre rendez-vous en amont, notamment dans les pharmacies, pour aider les professionnels à s'organiser. Néanmoins, tous ne pourront pas se faire dépister, rappelle le président de l'Union syndicale des pharmaciens. "Il ne faudra pas être déçu si on priorise les patients symptomatiques", explique-t-il clairement. "Si ce sont 30% des Français qui veulent se faire dépister, ça veut dire 20 millions de personnes sur trois jours. Même si on arrive à avoir le résultat dans le quart d'heure, c'est tout simplement 'inabsorbable'. Je rappelle que les biologistes, au plus fort, étaient à un million et demi de tests et c'était complètement saturé. Donc là, on multiplie les sites de dépistage. C'est bien, ça renforce. Mais on ne peut pas faire dépister des millions de Français en trois jours."
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Malgré toutes les précautions à prendre, et les effets pervers d'un test négatif au Covid-19, qui entraînerait un relâchement des gestes barrières, Gilles Bonnefond pointe l'utilité des opérations de dépistage à grande échelle lancées par le gouvernement dans plusieurs agglomérations ce lundi. "Tous ces dépistages, on va les enregistrer sur la base de données du Ministère et vont être exploitées par Santé publique France. Donc, on va voir dans ces régions où on dépiste un petit peu plus de personnes, quel est l'état de la circulation du virus... Et ça peut nous servir", assure-t-il. "Se faire dépister, c'est un acte citoyen. Moi je dis même un acte héroïque parce que ça permet immédiatement de casser la chaîne de contamination", conclut-il.