"Le pic de la troisième vague semble derrière nous", a estimé Jean Castex lors d'une conférence de presse jeudi sur la situation sanitaire en France. Le "haut de la vague" de l'épidémie de Covid-19 semble atteint en France, laissant espérer une légère amélioration de la situation. Sur Europe 1, Pascal Crépey, épidémiologiste à l'Ecole des Hautes études en santé publique de Rennes, confirme qu'un "reflux semble amorcé" mais alerte sur la fragilité de la situation et l'importance de continuer à surveiller les indicateurs, quitte à "faire un pas en arrière".
Prudence et surveillance
"On observe à l'heure actuelle, d'abord un plateau et puis, s'annonçant, une descente en pente douce. Malheureusement, cette pente douce est moins forte que celle que nous avions pu constater en novembre et en mars de l'année dernière, suite au dernier confinement", décrypte-t-il. "Le reflux semble amorcé, mais c'est un reflux qui reste fragile."
Le gouvernement a précisé jeudi le calendrier de levée de mesures de restrictions sanitaires, en vigueur depuis la fin du mois de mars. La rentrée scolaire est confirmée pour les élèves de maternelle et de primaire lundi, la limite des 10 kilomètres prendra fin dès le 3 mai et une réouverture des terrasses, lieux culturels et commerces est envisagée mi-mai. Pascal Crépey comprend ces annonces, pointant la "fatigue de la population" après un an de crise sanitaire. Il alerte néanmoins sur la nécessité de se montrer prudent lors de ce "déconfinement".
"Il va falloir être très précautionneux vis-à-vis du relâchement des mesures. Et bien surveiller la situation sanitaire, voire ne pas hésiter à faire un pas en arrière, si jamais on constate que cette pente se transforme en plateau. Il faut absolument éviter de rester sur un plateau haut tel que celui que nous avons connu ces dernières semaines, ces derniers mois", explique-t-il.
Une soupape pour limiter les interactions en intérieur
Ouvrir les écoles présente fortement un risque, explique l'épidémiologiste qu'il met en balance avec certains bénéfices : lien social pour les enfants, possibilité de télétravailler plus facilement pour les parents. "Ce risque chez les enfants de maternelle et de primaire semble quand même être moindre que celui qui existe pour les collégiens et les lycéens. Et donc le fait de continuer, voire de renforcer la politique de tests salivaires dans les classes et éventuellement de fermer des classes dès le premier cas devrait permettre de limiter ce risque de contamination. Il s'agit d'avancer avec prudence", souligne Pascal Crépey.
Quant à l'ouverture éventuelle des terrasses à la mi-mai, il évoque "une soupape" qui pourrait permettre de mieux respecter les recommandations, notamment sur les interactions sociales en intérieur. "La condition, c'est qu'en échange de cette liberté retrouvée, il y ait un vrai effort de la part de la population pour éviter de se retrouver en intérieur chez les uns et chez les autres. Si cette réouverture permet une meilleure adhésion et un meilleur respect des recommandations visant à limiter les interactions en intérieur, ça peut être quelque chose qui va dans le bon sens et qui nous permet finalement de garder le contrôle sur l'épidémie", assure-t-il.