Coronavirus Covid Réa réanimation hôpital 2:21
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Pour Karine Lacombe, le couvre-feu et le reconfinement contre le coronavirus semblent déjà avoir un petit effet sur les hospitalisations dans son service des maladies infectieuses, à l'hôpital Saint-Antoine de Paris. La chercheuse, qui évoque un "afflux très fort" en réanimation, se veut néanmoins très prudente.
ANALYSE

Jusqu'où la seconde vague de coronavirus va-t-elle monter en France ? Alors que le gouvernement a d'abord décrété un couvre-feu territorialisé avant de décider un reconfinement généralisé, les indicateurs épidémiques restent extrêmement dégradés au niveau national. Karine Lacombe, cheffe du service des maladies infectieuses à l'hôpital Saint-Antoine à Paris, estime pourtant sur Europe 1, jeudi, que la situation des hospitalisations tend à se stabiliser. Elle reste cependant extrêmement prudente sur l'évolution de l'épidémie. 

"Frémissement"

À l'heure actuelle, près d'une semaine après l'entrée en vigueur du reconfinement, "l'afflux est très fort en réanimation et on est vraiment dans une pente ascendante extrêmement rapide", assure la chercheuse et infectiologue. Jeudi midi, 21 lits étaient occupés par des patients atteints de lourdes complications liées au coronavirus, soit la moitié de son service de réanimation. 

Mais si l'hôpital Saint-Antoine a vu depuis quelques semaines "beaucoup de cas arriver très rapidement en médecine", "on a l'impression que la montée est en train, peut-être, de se tasser un tout petit peu", avance Karine Lacombe, qui tient à rester mesurée : "Il ne faut pas avoir d'espoir démesuré, mais avec les mesures prises, le couvre-feu et le confinement, on va peut-être sentir un frémissement. Ça demande vraiment à être confirmé sur les deux semaines à venir."

Meilleure préparation pour la seconde vague

Autre "bonne" nouvelle : Karine Lacombe affirme que son service n'a pour l'instant pas dû recourir au tri des patients, tant redouté par les professionnels : "On a déprogrammé des hospitalisations qui étaient programmées pour des pathologies chroniques et qu'on pourra voir un peu plus tard. Pour l'instant, on n'a renvoyé personne avec une maladie aiguë. C'est toute la crainte qu'on avait."

Cette crainte a justifié une préparation anticipée de tout son service : "On s'est mobilisé très tôt avec des plans de montée en puissance, l'augmentation du nombre de lits et la mobilisation du personnel. Cela nous met dans une situation très différente de ce qui s'est passé pendant la première vague", se félicite Karine Lacombe. "L'esprit des équipes est préparé, car on savait ce qui allait se passer. Ce n'est pas comme en mars-avril, où on s'est vraiment pris le tsunami en pleine figure et il a fallu qu'on improvise. De la même manière, "on traite mieux, on a diminué la mortalité et la durée de séjour", ajoute-t-elle.

>> Retrouvez ici l'intégralité de l'entretien de Karine Lacombe avec Patrick Cohen :