"A ce rythme, une personne de 30 ans ne serait pas vaccinée avant 2024"

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Manon Fossat

Sur CovidTracker, toutes les données chiffrées liées à la pandémie de coronavirus sont répertoriées et analysées. A l'initiative de cette application, Guillaume Rozier, un jeune ingénieur de 24 ans. Invité d'Europe Matin jeudi, il a décortiqué la situation épidémique actuelle et ses contradictions. 

Nombre de décès, hospitalisations par région, vaccination... Depuis bientôt un an, les données liées à la pandémie de Covid-19 s'accumulent, au point même que l'on n'y voit plus très clair. Dès le début de la crise sanitaire, Guillaume Rozier​, ingénieur en informatique, a justement décidé de mettre son savoir-faire de data analyst à profit, en créant bénévolement le site CovidTracker. Invité de Matthieu Belliard jeudi matin, il a notamment confirmé que d'après ses données, le rythme actuel de vaccination était beaucoup trop faible.

Une vaccination beaucoup trop lente

Grâce à son outil Vaccin Planner, qui permet d'estimer le temps d'attente de chaque personne pour recevoir un vaccin en fonction des ordres de priorités, Guillaume Rozier a expliqué que la cadence en France était beaucoup trop lente. "Le rythme de vaccination dépend bien sûr du stock. Mais actuellement, une personne de 20, 30 ou 40 ans qui n'a pas d'autres soucis de santé, ne pourrait pas se faire vacciner avant 2024 au moins", a-t-il jugé.

Concernant les mesures sanitaires et le couvre-feu en place, l'ingénieur a également affirmé que ses effets étaient plus que limités. "Le couvre-feu a montré une efficacité au mois d'octobre ou sur les départements en couvre-feu renforcé début janvier. Mais ce qui est clair, c'est qu'aujourd'hui le nombre de cas, soit le taux d'incidence, continue d'augmenter, donc le couvre-feu n'est plus suffisant", précise-t-il. 

Alors que différents scénarios semblent sur la table de l'exécutif et que de nouvelles mesures devraient être annoncées, Guillaume Rozier a expliqué que la situation épidémique en France à l'heure actuelle était assez paradoxale, pour plusieurs raisons. "C'est assez étrange, puisqu'au niveau épidémique, on a une situation préoccupante mais pas alarmante. On a un nombre de cas détectés assez élevé, qui tourne autour des 20.000 par jour. Mais ce chiffre n'est pas explosif. Il est en augmentation modérée, pas comme au mois d'octobre où ça augmentait de 50% chaque semaine. Là on tourne plus autour des 10%", a-t-il détaillé. 

"Des hôpitaux qui ne se sont pas vidés après la deuxième vague"

Mais c'est au niveau sanitaire que les choses se compliquent, d'après lui. "Les hôpitaux sont dans une situation assez tendue parce qu'ils ne se sont pas vidés après la deuxième vague du mois de décembre. On a actuellement 27.000 personnes hospitalisées pour le Covid, ce qui n'est finalement pas si loin du pic de la seconde vague qui était de 34.000. Et puis on a des admissions à l'hôpital qui sont importantes et surtout qui sont en augmentation chaque jour".

Enfin, le jeune ingénieur est revenu sur le cas des variants du Covid-19, appelant les autorités sanitaires à dévoiler plus de données les concernant. "Aujourd'hui; le nombre de cas issus de variants est comptabilisé de la même manière que les variants précédents. Peut-être qu'on est en train d'observer en ce moment deux ou trois épidémies combinées en une, et qu'on ne les voit pas. Pour le moment, Santé publique France ne communique pas ces chiffres, mais j'aimerais que ce soit le cas le plus rapidement possible, parce que ça pourrait expliquer la dynamique actuelle assez étrange", a-t-il appelé.