La progression du cancer du pancréas, un des plus mortels, pourrait être empêchée par la simple élimination d'une enzyme, a annoncé une équipe toulousaine jeudi lors du Congrès mondial d'oncologie.
Un heureux accident. C'est en quelque sorte par accident que la découverte a été faite par une équipe de Pierre Cordelier, directeur de recherche à l'Inserm au Centre de recherche en cancérologie de Toulouse (CRCT). Pierre Cordelier menait une étude sur la cytidine désaminase (CDA), une enzyme déjà bien connue des cancérologues. Ces travaux, dont les résultats ont été publiés en janvier 2015, ont permis, selon lui, de prouver qu'il était faisable et sans danger de modifier la CDA en vue de sensibiliser les cellules cancéreuses à la chimiothérapie. L'étude a cependant provoqué une "grosse surprise"...
Vers un nouveau traitement ? "On ne s'y attendait pas du tout" : en éliminant la CDA, l'équipe a observé que "la prolifération des cellules cancéreuses est sévèrement réduite, sans même aucune chimiothérapie", explique Pierre Cordelier. "On croyait qu'enlever la CDA ne faisait qu'aider la chimiothérapie. Mais, ce qui était totalement inattendu, c'est qu'en éliminant la CDA, on bloque la progression de la tumeur", résume le chercheur. Cette percée, qui reste à valider, "ouvre la possibilité d'un nouveau traitement" pour l'un des cancers les plus mortels, souligne Pierre Cordelier.
Un cancer extrêmement agressif. Sur les 13.000 personnes atteintes chaque année de cancer du pancréas en France, 12.000 en meurent, selon le chercheur. Le taux de survie nette à 5 ans n'est que de 8% pour cette forme de cancer qui tue plus de 300.000 personnes chaque année dans le monde. Et la situation empire. Le cancer du pancréas est actuellement la quatrième cause de décès par cancer en Europe, après les cancers du poumon, du colon et du sein. Mais il pourrait, selon plusieurs experts, devenir la deuxième cause de mortalité par cancer en Europe à l'horizon 2020.
Un nouvel espoir pour les malades. Il reste toutefois encore beaucoup de travail avant que la découverte de l'équipe de Pierre Cordelier puisse éventuellement aboutir à un traitement. Il faudra "entre cinq et dix ans" avant une application auprès du grand public, avertit le chercheur, qui souligne que cette découverte fortuite pourrait "ne pas être limitée au cancer du pancréas", mais être étendue aux autres formes de la maladie.