Don d’organes : comment donner de son vivant

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Les dons de donneur vivant sont plus efficaces pour les malades. © JIJI PRESS/Archives / AFP
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Les organisateurs de la Journée européenne du don d’organes, prévue samedi, veulent insister sur le don de son vivant.

Le don d’organes est trop souvent associé à la mort d’un donneur potentiel. Alors à l’occasion de la 17e édition de la Journée européenne du don d’organe, samedi, les organisateurs veulent aussi mettre l’accent sur le don de son vivant. Don qui concerne essentiellement le rein. Selon les chiffres de l’Agence française de la biomédecine, en 2014, 514 malades ont reçu un rein d’un proche, contre 136 seulement en 2003. Le progrès est réel, mais la part par rapport au total de greffe reste faible : 16% du total des greffes rénales en 2014. Or, les avantages sont nombreux. Europe1.fr fait le tour de la question.

  • Quels organes sont concernés ?

En priorité, le rein bien sûr, qui est le seul organe vital susceptible de faire l’objet d’un don, puisque l’être humain en possède deux alors qu’il peut parfaitement vivre avec un seul. Depuis plusieurs années, des dons de partie de foie ou de lobe de poumons ont été expérimentés, mais ils restent marginaux.

  • Qui peut donner ?

En ce qui concerne le rein, seules les personnes majeures peuvent être prélevées. Les dons sont très encadrés. Ainsi, le donneur doit avoir un lien étroit avec le receveur. Ce lien est le plus souvent familial, mais il peut aussi s’agir d’un lien affectif stable depuis deux ans. Depuis la loi bioéthique de 2011, une relation amicale entre dans ce cadre, alors que seul un conjoint pouvait être prélevé auparavant. L’objectif était d’élargir le champ des donneurs potentiels autour d’un malade. Ainsi en 2014, 39 personnes ont fait don d’un rein à un ami.

Surtout, les médecins doivent vérifier d’une part que le donneur n’a pas subi de pressions de la part de l’entourage du receveur,  d’autre part qu’il a bien compris tous les risques liés à son don. Car évidemment, un don d’organes effectué de son vivant n’est pas anodin.

  • Quelles sont les démarches à effectuer ?

L’Agence de biomédecine signale quatre étapes indispensables dans le parcours du donneur. La première consiste en un bilan médical approfondi du donneur. Pour vérifier sa bonne santé, d’abord, pour minimiser aussi les risques pendant et après l’opération, mais aussi et surtout pour vérifier la compatibilité de l’organe avec le receveur. Une compatibilité pas si fréquente. Un frère ou une sœur a ainsi une chance sur quatre de présenter un rein parfaitement compatible avec un membre de sa fratrie.

Pour la deuxième étape, le donneur passe devant un "comité donneur vivant", composé de trois médecins, d’un psychologue et d’une personne qualifiée en sciences humaines et sociales. En troisième lieu, le donneur exprime son consentement devant un magistrat, qui s’assure de la légalité du don. Avant, quatrième et dernière étape, que le "comité donneur vivant" ne rende sa décision. Si elle est positive, les opérations chirurgicales, qui ont lieu en même temps, sont programmées. Attention, le donneur peut à tout moment, jusque sur le brancard, revenir sur sa décision.

Autre point important : l’Etat prévoit une prise en charge financière totale pour le donneur : pas de forfait journalier pour le séjour à l’hôpital, pas de ticket modérateur, une prise en charge des transports liés au don, et des indemnités journalières pour les salariés contraints de s’arrêter. Le bilan pré-opératoire et le suivi médical sont également à la charge de l’assurance maladie.

  • Quels risques, quelles conséquences ?

Il y a d’abord tous les risques liés à tout acte chirurgical, concernant l’anesthésie, l’opération en elle-même et ses suites. Mais dans le cadre d’un don, le risque est minimisé par le bilan complet préalable effectué sur le donneur. Après l’intervention, le donneur reste entre 3 et 10 jours à l’hôpital, en fonction de la technique chirurgicale choisie. Il peut ensuite reprendre une activité professionnelle dans un délai compris entre 6 et 8 semaines.

Passé ce délai, le donneur reprend une vie normale.  Il bénéficie d’un suivi annuel médical, au cours duquel les médecins veillent à sa bonne santé, avec l’évaluation des fonctions liées au don, rénales donc le plus souvent. Selon une étude datant de 2011, 98% des donneurs affirment qu’ils recommenceraient si le don était à refaire.

  • Quels avantages pour le receveur ?

C’est sans doute l’aspect le plus fondamental, car un don d’un vivant représente d’énormes avantages pour le malade. En premier lieu, la maîtrise du délai. La plupart des receveurs d’un organe d’un proche n’ont pas à attendre d’atteindre le stade terminal, au cours duquel le rein ne fonctionne plus du tout, pour être opéré. Du coup, le recours à la dialyse, très pénible, est limité. Et les greffes, programmées à l’avance et pas dans l’urgence, se réalisent dans les meilleures conditions possibles. Enfin, les greffons sélectionnés sont choisis avec le plus haut degré de compatibilité, transplantés dans les meilleurs délais possible, et donc moins souvent rejetés. Selon une étude datant de 2009 et portant sur un bilan 10 ans après une greffe, 77% des greffons prélevés sur donneur vivant continuent de fonctionner, contre 63% pour un greffon prélevé sur un donneur décédé.