Malgré les appels des hôpitaux et vos proches qui vous poussent à franchir le pas, rien n’y fait, vous n’avez pas le courage d’aller donner votre sang. La peur de l’aiguille est trop forte. Sueurs froides, nœud au ventre ou même malaise vagal dans la salle d’attente : vous souffrez peut-être de ce qu’on appelle la bélénophobie, qui désigne la peur maladive des aiguilles médicales.
La bélénophobie peut être très handicapante, et surtout mettre la vie de ceux qui en souffrent en danger. Peur panique face aux injections de vaccins, refus de certains types d’anesthésie ou encore suivi compliqué de grossesse, qui nécessite des prises de sang : les inconvénients sont multiples. Heureusement, pour dépasser la peur des piqûres, des techniques existent.
Ma soeur a appris qu'elle devait faire une prise de sang, vous la verriez, on dirait qu'elle va partir pour l'échafaud.
— Løry (@TolosaQueen) 3 mai 2017
- Avant la piqûre
Repérer les lieux. Pour affronter sa peur, rien de mieux que de s’y préparer. Se familiariser avec le cabinet médical, lieu qui concentre toutes les angoisses du patient, peut aider à dédramatiser la situation. Il peut être judicieux de se rendre sur le lieu de la piqûre quelques jours avant pour apprivoiser l’environnement. Le médecin pourra alors expliquer la procédure, rassurer, et même faire une démonstration sur un autre patient.
Regarder l’aiguille en face. Une technique très utilisée dans les thérapies cognitives et comportementales consiste à visualiser au maximum l’objet de l’angoisse. Plusieurs semaines avant le jour de la piqûre, le patient est invité à regarder des photos d’aiguilles, puis des vidéos d’injection. Pour chaque visuel, il note son niveau d’angoisse de 1 à 10, puis il recommence et note à nouveau son degré d’anxiété. Visualiser l’objet qui suscite la peur sans pour autant avoir de contact avec celui-ci permet de dédramatiser la situation à venir.
Préparer son corps. Si se laisser enfoncer une aiguille dans la peau n’est pas un moment agréable, autant faire en sorte qu’il passe le plus rapidement possible. Un conseil : boire beaucoup d’eau pour gonfler vos veines, qui seront donc plus facile à trouver. Le travail de l’infirmier ou du médecin en sera facilité, et votre moment d’angoisse maximale abrégé. Arriver pour une prise de sang ou un don de sang mal hydraté, c’est aussi risquer de n’avoir pas un débit sanguin suffisant pour prélever le sang nécessaire.
- Pendant la piqûre
Contrôler sa peur. Pendant l’acte fatidique, une bonne manière de contrôler sa peur est de se distraire : surtout, pensez à tout sauf à l’aiguille. Refaites votre liste de courses dans votre tête, fredonnez une chanson, observez le bureau du médecin… Sans que vous le sachiez, le soignant qui s’occupe de vous vous aide d'ailleurs à vous décentrer de votre angoisse en vous parlant de tout et de rien. Laissez-vous emporter par ce qu'il dit.
Durant la consultation, il est aussi conseillé de respirer profondément pour ralentir le rythme cardiaque et diminuer les risques de malaise vagal.
Tricher. Si la douleur fait trop peur, il existe des moyens de la diminuer. Des crèmes et des patchs antidouleur existent en pharmacie. Appliqués une heure avant la piqûre – et souvent utilisés chez les jeunes enfants – ils anesthésient la zone à piquer.
Penser positif. Pendant la consultation, le patient peut concentrer son esprit sur des idées positives. Par exemple les bienfaits de la piqûre ou du prélèvement : dans le cas du don du sang, le fait de sauver des vies par exemple. Se prévoir une récompense après la piqûre – comme une gourmandise par exemple - peut aider à se motiver.
- Hypnose et psychothérapie : prendre le dessus sur la phobie
Pour en finir avec la phobie des aiguilles, de plus en plus de bélénophobes se tournent vers l’hypnose. De nombreux médecins et infirmiers y sont également formés pour distraire les patients de leurs angoisses ou anesthésier mentalement la zone à piquer.
L’hypnose pour apprivoiser l’aiguille. "La peur de se faire trouer la peau est une peur normale, archaïque. La piqûre implique une douleur, et donc un danger pour le cerveau ", explique le docteur Philippe Aïm, psychiatre, psychothérapeute et formateur en hypnose éricksonienne. "L’humain doit s’adapter en intégrant que la médecine troue notre peau pour nous soigner. L’hypnose peut aider à cela, car sans changer la réalité de la piqûre, elle change notre façon d’appréhender cette réalité."
S’il est conseillé de ne pas se concentrer sur l’aiguille pendant la piqûre, l’hypnose fait plus que détourner l’attention du patient : "elle la transporte dans une sorte de monde parallèle ", poursuit le docteur. Pour bien choisir son hypnopraticien, l'Institut français dl'hypnose conseille de se diriger vers des professionnels de santé, (médecins, psychiatres ou infirmiers). Pour s'assurer du sérieux des psychologues et des psychothérapeutes, ces derniers sont inscrits sur une liste régionale que le patient peut consulter auprès des agences régionales de santé (ARS).
Chercher les causes de la phobie. Parfois, la phobie découle d’un mini-traumatisme dans la vie du patient. Pour travailler sur ce type d’angoisse plus profonde, une psychothérapie peut être nécessaire. La cause de la phobie peut surprendre : "Je me souviens d’une patiente qui s’était affalée sur un canapé étant adolescente. Un ressort s’était enfoncé dans sa peau. Cette piqûre soudaine avait créé chez elle un souvenir traumatisant, que son esprit associait à toute forme d’aiguille", se souvient Philippe Aïm, qui encourage ses patients à rechercher les causes de leurs peurs.