Près de 20 millions de Français, soit environ 30% de la population adulte, souffrent de douleurs chroniques rebelles aux traitements, mais leur prise en charge au sein des 273 centres de la douleur est menacée, a mis en garde lundi l'Académie de médecine.
Les "structures spécialisées douleur chronique", ou SDC, mises en place par des pionniers de la douleur en France à partir de 1998, sont pour 67 d'entre elles des centres dédiés et pour 206 des consultations douleur.
Le nombre de demandes de consultations "croît continuellement". Elles prennent en charge 5.000 patients par centre et par an, avec un délai moyen d'attente de trois mois et le nombre de demandes de consultations "croît continuellement". Mais plusieurs d'entre elles sont menacées "en raison du prochain départ à la retraite des médecins qui les ont fondées" et du "risque que ceux-ci ne soient pas remplacés, faute de candidats formés à la médecine de la douleur ou du fait de non renouvellements de postes médicaux", souligne le rapport de l'Académie.
La moitié des personnels de ces centres sont partis ou partiront à la retraite entre 2015 et 2025 (115 sur 229 selon une enquête auprès de 132 structures), avec le risque que la moitié de ces emplois ne soient pas remplacés. Sur la même période, 16 SDC (13 consultations et 3 centres dédiés) sont en danger de fermeture.
Les malades consultent surtout pour des lombalgies et des sciatiques. Les SDC, qui marient plusieurs spécialités (neurologues, rhumatologues, psychiatres, psychologues, infirmiers ...) sont essentiels pour appréhender les douleurs chroniques, définies comme "des douleurs évoluant depuis plus de 6 mois et affectant de façon péjorative le comportement et le bien-être du patient".
Les malades consultent essentiellement pour des lombalgies et sciatiques (26%), des douleurs neuropathiques (19%), des douleurs cancéreuses (17%), des céphalées et migraines (12%), et des fibromyalgies (10%).
Le vieillissement de la population, l'amélioration du taux de survie après un cancer plaident en faveur d'un meilleur traitement de la douleur chronique. D'autant qu'elle coûte cher, notamment en arrêts maladie et en consultations. On recense cinq fois plus d'arrêts maladie de longue durée chez des malades chroniques souffrant de douleur et ils consultent deux fois plus que les autres, soit un surcoût annuel évalué à 1,163 milliard d'euros.
L'Académie de médecine préconise de consolider le réseau de SDC existants, mais aussi de renforcer les formations des médecins à la douleur et de développer la recherche clinique et fondamentale.