Électrodes, plantes, méditation... Comment soulager les douleurs chroniques sans ordonnance

En France, huit consultations sur dix sont consacrées à la douleur. © CHASSENET / BSIP VIA AFP
  • Copié
Alexandre Dalifard / Crédit photo : CHASSENET / BSIP VIA AFP

En France, plus de 12 millions de personnes souffrent de douleurs chroniques. Face à cela, certains médicaments ne semblent pas être efficace contre ces douleurs qui durent plus de trois mois. Et pourtant, des méthodes naturelles existent pour les soulager et cela sans passer par une ordonnance.

En France, huit consultations sur dix sont consacrées à la douleur. Un chiffre marquant d'autant plus que 12 millions de Français souffrent de douleurs chroniques , c'est-à-dire qui durent plus de trois mois. Parmi eux, 70% ne seraient pas correctement soulagés. Face à cela, Sophie Coisne, journaliste 60 Millions de Consommateurs, et Didier Bouhassira, médecin neurologue, invités dans l'émission Bienfait pour vous , donnent quelques astuces pour soulager la douleur sans ordonnance.

Mais tout d'abord, comment expliquer un tel chiffre ? "On n'a pas suffisamment de structures pour pouvoir prendre en charge tous ces patients. Et c'est vrai que la prise en charge laisse à désirer. Même dans les structures très spécialisées, on ne réussit pas à soulager tout le monde avec les médicaments. Même si le médicament n'est franchement pas la panacée pour la douleur chronique", reconnait le neurologue au micro de Julia Vignali et Mélanie Gomez.

Neurostimulation transcutanée

Dans le dernier numéro de 60 Millions de Consommateurs, "Douleur, tout ce qui marche", la rédaction parle d'une méthode non-médicamenteuse et qui peut être utilisée contre certaines douleurs : la neurostimulation transcutanée. "C'est vendu en pharmacie et ça peut être loué. C'est un petit appareil qui a des électrodes. Vous allez le régler et les petites électrodes envoyées vont permettre de soulager plus ou moins la douleur", précise Sophie Coisne, rédactrice en cheffe adjointe du magazine.

Cette technique existe depuis 30 ans et est de plus en plus prescrite. Aujourd'hui, il y a 600.000 prescriptions d'appareils par an en France. Ceux-ci peuvent être, en partie, remboursés et ils peuvent être utilisés pour des problèmes d'entorse de cheville ou même des lumbagos. En revanche, "cela fonctionne sur des douleurs localisées, il faut donc coller les électrodes assez proches de la région douloureuse". Mais concrètement, comment ça marche ? "On va brouiller le message pour le cerveau. Celui-ci va confondre le message avec la douleur. On va la filtrer", détaille le neurologue.

Le CBD et ses effets limités

"Cela favorise le sommeil, donc de ce point de vue là, c'est utile. Mais sur la douleur elle-même, ce n'est pas très puissant", reconnait Didier Bouhassira. En revanche, il y a une expérimentation actuellement en France pour justement vérifier comment utiliser non seulement le cannabidiol, le CBD, mais aussi le THC, l'autre composant du cannabis, appelé le cannabis thérapeutique. Développé dans la plupart des pays d'Europe et dans beaucoup d'autres pays du monde, comme les Etats-Unis, cette méthode prend du temps à arriver en France. "Ce sont des études qui sont en cours", admet le neurologue.

La phytothérapie

Toujours au niveau des plantes, certaines sont déjà utilisées depuis des millénaires contre la douleur. Cependant, il y a des précautions à prendre. "Pendant la crise sanitaire, la Haute Autorité de santé a déconseillé de prendre du curcuma car il y avait un effet anti-inflammatoire qui pouvait brouiller un traitement potentiel et interagir avec le doliprane", alerte Sophie Coisne. Leur effet, pour beaucoup, est fondé sur la tradition. C'est-à-dire que depuis un millénaire cette méthode est utilisée et cela ne fait pas de mal.

En revanche, avant de se lancer dans la phytothérapie pour soulager les douleurs, il est important de demander à son médecin. "Les plantes peuvent être toxiques et aussi avoir des effets secondaires aussi importants qu'avec les médicaments", souligne Didier Bouhassira. De plus, Sophie Coisne précise qu'il est aussi important de prendre conseil auprès d'un spécialiste lorsque l'on prend des compléments alimentaires car cela peut engendrer des interactions potentielles.

Méditation de pleine conscience

La méditation de pleine conscience est également un moyen utile en cas de douleur chronique. "L'idée est d'essayer d'apprendre au patient à mieux gérer et contrôler sa douleur. Cette technique peut être intéressante, mais là encore, cela ne marche pas chez tout le monde", indique le neurologue. Cette méthode marche aussi sur le cerveau. C'est un moyen de stimuler ces fameux systèmes qui contrôlent la douleur.

"Il y a des effets objectifs de la méditation ou même de l'hypnose qu'on peut mesurer avec les IRM fonctionnels. On voit l'activité du cerveau qui diminue pendant l'agglutination de cette technique. Cela peut marcher mais il ne faut pas laisser penser que ça fonctionne chez tout le monde", précise-t-il. Par ailleurs, le patient doit être acteur de sa prise en charge. "On va lui apprendre les techniques et ça sera à lui de se les approprier et de les utiliser à bon escient", conclut le médecin.

Si la méditation ne fonctionne pas, le patient peut être sensible à la musique. "L'idée est de tester plusieurs types. Cela peut être la médiation, l'hypnose ou la musicothérapie. Mais aussi l'ortie thérapie, une technique qui est en train de se développer et qui consiste à jardiner. Le but est de trouver son antidouleur naturel", détaille Sophie Coisne.