C'est une maladie qui touche les personnes âgées, et plus particulièrement les femmes, dès la ménopause. L'ostéoporose est une maladie dégénérative du squelette qui se caractérise par un manque de calcium et des anomalies de la micro-architecture osseuse. Quels sont les facteurs de risques ? Comment la détecter ? Quels traitements pour la soigner ? Et comment prévenir l'arrivée de la maladie ? Le professeur Bernard Cortet, rhumatologue au CHU de Lille et président du groupe de recherche et d'information sur les ostéoporoses (Grio), était l'invité d'Europe 1, mercredi, pour évoquer cette maladie qui provoque des fractures parfois mortelles.
Quels facteurs de risques ?
Pour cette maladie, "on peut faire l'analogie avec une grue", explique le Professeur Bernard Cortet. "Une grosse structure, la membrane externe des os, équivalent des poutres de la grue, va s'amincir au cours de l'ostéoporose et se perforer ; puis les travées osseuses, qui sont comme des travées horizontales, vont elles aussi s'amincir et se perforer." Ces deux éléments vont concourir à fragiliser le squelette et augmenter le risque de fracture.
Ce phénomène touche majoritairement les femmes qui, supportant la ménopause à partir de 50 ans, voient leur taux d’œstrogène baisser. Or, ces hormones sexuelles sont bénéfiques pour la bonne santé osseuse. Ainsi, de 30 à 40% des femmes sont aujourd'hui touchées par l'ostéoporose, contre 15% des hommes.
Certains autres facteurs de risques sont également connus. Parmi eux, la génétique, mais aussi le tabac et l'alcool, et des maladies inflammatoires telles que la polyarthrite rhumatoïde ou les maladies inflammatoires des intestins. Certains traitements médicamenteux peuvent également représenter des facteurs de risques, comme par exemple la cortisone et certains antidépresseurs.
Comment la détecter ?
Comme tout ce qui constitue le corps humain, l'os est un tissu vivant. Il se renouvelle donc en permanence et il y a ainsi constamment une destruction de tissus qui s'opère qui sera équilibrée par la construction de nouveaux tissus. Dans le cas de l'ostéoporose, le rapport est déséquilibré et il y a davantage de destruction que de construction, menant à une fragilité osseuse et à des fractures. La maladie touche principalement les vertèbres, le bassin, les hanches et l'humerus (poignet). Certains os, eux, ne sont jamais atteints, à l'instar du crâne, des doigts et des orteils.
Dans la tranche d'âge concernée, "on recense chaque année quelque 400.000 fractures de fragilité, dont certaines sont à l'origine d'un certain taux de décès plus conséquent que le taux attendu compte tenu de l'âge de la population à laquelle on s'intéresse", explique le Professeur Bernard Cortet, qui précise que ce taux est de 20 à 30% plus élevé.
"Une fracture, ce n'est jamais banal", avertit le rhumatologue. En effet, si la fracture du poignet n'est pas grave en tant que telle, poursuit-il, "on est à risque de faire, quelques années plus tard, une fracture des vertèbres ou une fracture de la hanche" si la densité osseuse est basse. D'où la nécessité de détecter la maladie le plus tôt possible grâce à une densitométrie osseuse.
Cet examen, fiable et remboursé par l'Assurance maladie, "permet de mesurer la teneur en calcium du squelette qui est très fortement corrélée à la probabilité de voir apparaître une fracture", explique le Professeur Bernard Cortet. Avant cela, des signes d'alerte peuvent mettre sur la piste de l'ostéoporose. Parmi eux, des douleurs au niveau de la colonne vertébrale et une perte de taille conséquence (plus de 4 cm) par rapport à sa taille habituelle.
Comment la prévenir ?
Pour ce qui est de la prévention, le Professeur Bernard Cortet l'affirme : si le tabac et l'alcool jouent un rôle non négligeable, l’alimentation est également importante. Selon lui, deux éléments principaux sont à prendre en compte. Premièrement, le calcium et notamment les produits laitiers (fromages à pâte dure) à raison d'1g de calcium par jour (soit 1 litre de lait, ou 0mg de yaourt). Mais aussi les eaux minérales, également riches en calcium. "Avec une alimentation satisfaisante et une de ces eaux minérales, on peut arriver à corriger le tir", assure le rhumatologue.
Aussi, outre les aspects alimentaires, l'activité physique est bénéfique, notamment les activités en charge (marche, marche nordique, course, squash, tennis…).