La ministre de la Santé Agnès Buzyn a évoqué mardi de possibles "ajustements" de la réforme controversée du financement des maisons de retraite, s'engageant par ailleurs à "recevoir" l'intersyndicale qui appelle les personnels à la grève jeudi.
Élaborée par le précédent gouvernement, la réforme de la tarification des établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) va entraîner des pertes de recettes pour "20 à 25%" d'entre eux, a redit la ministre aux Assises nationales des Ehpad, à Paris. "Des effets négatifs" qu'elle a de nouveau promis de "neutraliser" grâce au "mécanisme" que devra lui proposer, "à très court terme", Pierre Ricordeau, un médiateur nommé fin janvier.
Un travail qui pourrait aboutir à une modification du décret de 2016. Une "pause" sur le volet dépendance de la réforme, le plus décrié, n'aurait de "sens que si nous nous fixons avec les départements (qui financent la partie dépendance, ndlr) et les établissements un programme de travail qui aboutisse rapidement", a fait valoir la ministre, attendant là aussi "une proposition" du médiateur. "Ce travail pourra conduire le cas échéant à des ajustements de la réforme elle-même et à une modification du décret (publié en 2016), sans pour autant en remettre en cause les fondements", a-t-elle déclaré.
[Assises nationales des EHPAD] Notre modèle d'EHPAD est à un carrefour. Il devra évoluer, se réinventer. Il pourra le faire grâce à l'esprit d'avenir qui marque ce secteur. #PourNosAînéspic.twitter.com/svFaMYH1mG
— Agnès Buzyn (@agnesbuzyn) 13 mars 2018
Une "stratégie globale" sur la prise en charge du vieillissement. Agnès Buzyn a également confirmé qu'elle présenterait "les grandes orientations d'une stratégie globale" pour la prise en charge du vieillissement au Premier ministre fin mars après une série de concertations. Attentive à la "question des moyens" et à la "souffrance" des personnels, la ministre a indiqué qu'elle "recevrai(t) les représentants de l'intersyndicale" appelant à une grève jeudi dans les Ehpad, les services d'aides à domicile et autres structures liées au grand âge et qui lui "ont demandé audience". Interrogé par l'AFP, le ministère ne pouvait préciser quand serait reçue la délégation.
Améliorer le taux d'encadrement des personnes âgées. L'intersyndicale réclame notamment de meilleures conditions de travail et plus de moyens humains, avec un ratio d'un salarié tous personnels confondus pour un résident contre 0,6 en moyenne actuellement. Mais la "France n'a pas les moyens budgétaires" ni les "ressources humaines" pour garantir ce taux sans fondement "scientifique", a estimé la ministre, tout en se prononçant pour une amélioration du taux d'encadrement, "dans la mesure du possible".
Budgets maladies rares dévoyés : Buzyn se saisit du problème
Mardi, Agnès Buzyn a aussi affirmé s'être saisie du problème des budgets alloués par l'État aux centres de soins pour maladies rares mais qui ne leur parviennent pas, dévoyés par les hôpitaux. Cette pratique, favorisée par les difficultés financières des hôpitaux, avait fait l'objet d'une lettre de médecins à la ministre en décembre. Ils l'avaient redit fin février à l'occasion de la journée mondiale des maladies rares. Le gouvernement avait alloué, fin 2017, 45 millions d'euros à 387 centres de référence sur le territoire. Une maladie est dite rare quand elle touche moins d'une personne sur 2.000. Parmi les 8.000 identifiées, qui concernent trois millions de personnes en France, 80% sont d'origine génétique.