Rééduquer à la marche trois personnes paralysées, voilà l'exploit qu'a réussi une équipe de chercheurs suisses de l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne. Dans leur étude parue mercredi dans Nature et rapportée par le Figaro, ils expliquent comment ils sont parvenus à refaire marcher trois paraplégiques en stimulant leurs nerfs endommagés.
Un courant électrique délivré de manière discontinue. En septembre dernier, une étude de chercheurs américains avait rapporté le cas d'un paraplégique ayant réussi à remarcher grâce à une stimulation électrique. Mais dans ce cas, le patient redevenait paralysé lorsque les électrodes cessaient leur action. Dans le cas rapporté mercredi, les scientifiques sont parvenus à aller plus loin. Premièrement, ils ont été plus précis dans la délivrance du courant électrique. Lâché en continu dans l'étude américaine parue en septembre, il n'a été distribué que de manière parcimonieuse par les chercheurs suisses, de manière synchronisée avec les besoins de la marche.
Rééduquer des nerfs abîmés à remplir leur rôle de transmetteur. Puis, contrairement au cas américain où le patient retenu avait ses nerfs totalement détruits, les Suisses ont retenu trois hommes dont les nerfs n'étaient que partiellement atteints. Ce sont ces nerfs abîmés qui ont été stimulés par l'électricité. Plusieurs jours après avoir reçu une stimulation électrique, les trois patients âgés de 28, 35 et 47 ans, paralysés depuis plus de quatre ans, étaient capable de marcher sur un tapis roulant avec des supports. Et après des semaines d'exercices intensifs, ils ont réussi à évoluer avec un déambulateur. Même après l'arrêt des stimulations, ces progrès semblaient acquis car les nerfs, rééduqués, remplissaient à nouveau leur mission de transmetteurs entre le cerveau et les muscles.
"100 à 200 mètres avec un déambulateur". Les trois hommes sont désormais rentrés chez eux et ils y continuent leurs exercices. "Ils s’entraînent, les progrès se poursuivent pour certains. Deux d’entre eux arrivent à marcher 100 ou 200 mètres avec déambulateur", explique au Figaro Grégoire Courtine, le coordinateur de l'étude. "Concrètement, au quotidien, ils sont encore en fauteuil", nuance cependant le scientifique qui espère désormais exploiter cette voie. "Il faut absolument appliquer ce type de traitement très tôt après la lésion, quand le système neuromusculaire n’est pas encore trop atrophié", estime-t-il.