L’épidémie de coronavirus qui sévit en France ne doit pas faire oublier une autre maladie qui a déjà fait 72 morts dans le pays depuis le début de l’hiver : la grippe saisonnière. Les sujets les plus fragiles, généralement les très jeunes enfants ou les personnes âgées, doivent souvent faire face à des complications plus ou moins graves, qui peuvent les amener à l’hôpital. Or, une étude menée conjointement par des chercheurs du Centre d'infection et d'immunité de Lille et de l’Institut national de la recherche agronomique, soutient qu’il serait possible de lutter contre les surinfections bactériennes provoquées par la grippe grâce au microbiote, c’est-à-dire les micro-organismes naturellement présents dans notre système digestif.
Quelles sont les principales complications dues à la grippe ?
Les complications les plus fréquentes sont les décompensations respiratoires chez les patients souffrant de bronchopneumopathie chronique obstructive ou asthmatiques ou encore une pneumonie due à une surinfection bactérienne.
De quelle manière le microbiote peut-il agir sur ces complications ?
Lorsque vous avez la grippe, vous mangez moins de façon spontanée. Cette réduction alimentaire modifie de façon transitoire la composition et l'activité métabolique du microbiote intestinal.
De plus, pendant la grippe, la production d’acides gras à chaînes courtes par les bactéries du microbiote est également réduite. Or, selon cette étude, ces acides gras favorisent à distance l’activité bactéricide des macrophages présents dans les poumons. La perturbation du microbiote intestinal par la grippe compromet donc les défenses pulmonaires, notamment contre Streptococcus pneumoniae, la première cause des pneumonies bactériennes chez l’humain.
Comment peut-on changer la composition du microbiote pour lui permettre de mieux lutter contre les complications de la grippe ?
Les chercheurs et chercheuses ont démontré que cette sensibilité à la surinfection bactérienne peut être corrigée par un traitement à l’acétate, l’un des principaux acides gras à chaînes courtes produit par le microbiote. À terme, il serait possible d’éviter les complications graves de la grippe.
Au-delà des complications, il existe un moyen efficace de prévention contre la grippe : la vaccination. La vaccination diminue d'environ 80% la morbidité chez les adultes en bonne santé. Elle est un peu moins efficace chez les personnes âgées, mais abaisse tout de même la mortalité de 70 à 80% dans cette population fragile. La variabilité du virus implique un renouvellement annuel de la vaccination. Toutefois, la couverture vaccinale contre la grippe reste plutôt faible. Elle était de 51% chez les plus de 65 ans en 2018, et serait seulement de 7% chez les femmes enceintes.