Les représentants des doyens des facultés de médecine et de pharmacie estiment qu'il faut continuer l'enseignement universitaire de l'homéopathie, pourtant jugée inefficace par de nombreux professionnels de santé qui dénonce son remboursement par l'Assurance maladie.
Dans un communiqué mis en ligne jeudi, les patrons de la réunion des doyens de ces facultés et des présidents d'université estiment à propos de l'homéopathie et des "médecines alternatives" que "l'université doit être le seul garant de la qualité d'une formation qui est indispensable pour comprendre et connaître" leur intérêt, mais aussi leurs limites.
Des études "pas solides", selon le doyen de Lille. Une position développée sous le titre "Pour un enseignement universitaire rigoureux de l'homéopathie et des médecines alternatives et intégratives". Et ce alors que le doyen de la faculté de médecine de Lille a suspendu son diplôme d'homéopathie, une discipline restée selon lui "en marge du mouvement scientifique", pour l'année universitaire 2018-2019 dans "l'attente de la position" de la Haute autorité de santé (HAS) attendue d'ici fin février. Ce "choix fort" du doyen nordiste Didier Gosset est salué par le Collège national des généralistes enseignants (CNGE) qui "appelle les autres facultés à suivre le même chemin", via Twitter. En 2009, la faculté de Bordeaux avait renoncé à cet enseignement.
Le CNGE salue la décision du Doyen Didier Gosset de suspendre le DU d’homéopathie au sein de la faculté de Lille. Il appelle les autres facultés à suivre le même chemin https://t.co/JE6bQycaB2
— CNGE (@CNGE_France) 31 août 2018
Renforcer la réévaluation annuelle des diplômes. Dans leur communiqué, les présidents de la Conférence des présidents d'université (Gilles Roussel), de la Conférence des doyens des facultés de médecine (Jean Sibilia) et de la Conférence des doyens des facultés de pharmacie (Bernard Muller) soutiennent néanmoins "une démarche d'évaluation objective" en évoquant celle de la Haute autorité de santé (HAS) chargée d'évaluer l'efficacité de l'homéopathie et de se prononcer sur son remboursement. Un "observatoire universitaire" est prévu pour faire "un inventaire précis" des formations, indiquent-ils en exprimant leur "respect" envers les homéopathes. Ils souhaitent également "renforcer la réévaluation annuelle des diplômes" universitaires, "au regard notamment des conclusions des travaux de la HAS".
Un débat qui a refait surface en mars dans une tribune du Figaro. Le débat sur l'efficacité de l'homéopathie a ressurgi avec vigueur en France, pays du leader du marché, le laboratoire Boiron, depuis la publication mi-mars dans Le Figaro d'une tribune d'une centaine de médecins réclamant la fin de son remboursement. Cette tribune, depuis signée par plus d'un millier de médecins, attaque les "médecines alternatives", dont l'homéopathie, pratiquées "par des charlatans en tout genre qui recherchent la caution morale du titre de médecin pour faire la promotion de fausses thérapies à l'efficacité illusoire". Des médecins homéopathes ont répliqué en portant plainte devant le Conseil de l'Ordre des médecins contre les signataires.