Vendredi, le professeur Stéphane Dauger, chef du service de réanimation et surveillance continue et pédiatrique à l’hôpital Robert Debré et porte-parole du collectif inter-hôpitaux, était avec les personnels des hôpitaux dans la rue pour une nouvelle journée de mobilisation afin de dénoncer les insuffisances du plan Buzyn, présenté en septembre dernier. En grève administrative depuis décembre, il demande plus de moyens pour l’hôpital au micro de François Clauss, samedi, sur Europe 1.
Le nombre de grévistes est en constante augmentation selon le professeur Dauger. "La grève administrative continue à prendre, on en est à 1.000 chefs de services sur tout le territoire qui ont lâché toutes ces démarches administratives. Normalement quand il y a une difficulté dans un service, c'est au chef de service qu'on s'adresse. Nous les démissionnaires, avons arrêté toutes ces interrogations permanentes de administration et arrêté de participer à toutes ces décisions où l'on ne parle que d'argent", explique-t-il.
"On commence à voir les fruits" de la grève
Pour lui l'argent est le nerf de la guerre. "Des chefs de service continuent de démissionner aujourd'hui. Ça veut dire qu'on n'en peut plus et qu'il faut juste remettre des moyens", indique-t-il. "Si on donne juste de quoi être reconnu, ils resteront, on reconstruira et on se remettra au travail. Nous avons envie de reprendre cette activité mais dans une ambiance différente de celle que nous avons actuellement. "
Au sein de l’hôpital, la mobilisation des chefs de services est perceptible selon le professeur Dauger. "On a l'impression qu'on commence à voir les fruits de tout ça, car cela met les directeurs en difficulté. On met du sable dans les rouages, on commence à le sentir", explique Stéphane Dauger.
"La Cour des comptes l'a dit, l'augmentation dont on a besoin, c'est 4% pour suivre les besoins de l’hôpital, il a été voté 2.3%, on est loin du compte" déplore le pédiatre. "Il est temps de mettre de l'argent sur la table, d'ouvrir des négociations sur les petits salaires, de redonner du pouvoir aux soignants et aux usagers, et pas uniquement aux directeurs qui mettent la pression sur le ministère", continue le porte-parole du collectif inter-hôpitaux.
"Nous qui ne réclamons rien pour nous, nous n'obtenons rien"
Le Pr Dauger dénonce en revanche le manque d'écoute du gouvernement pour le personnel hospitalier. "Quand d'autres professions se mobilisent, ils obtiennent. Nous qui ne réclamons rien pour nous, nous n'obtenons rien. Nous voulons continuer à avoir un hôpital public fort en France", indique-t-il.
"Les usagers et les patients nous défendent beaucoup", explique Stéphane Dauger, qui souligne le soutien de l'opinion publique. "Environ 800.000 signataires ont signé des pétitions pour défendre l’hôpital public d'après le Cese. Nous sommes dans une situation où la population défend son hôpital." Une réunion avec la ministre de la Santé est prévue la semaine prochaine. "Nous irons voir la ministre, en fonction des propositions qui nous serons faites", confirme le professeur Dauger.