Il y a urgence dans les hôpitaux français. Un quart des postes de praticiens hospitaliers ne sont pas pourvus, parfois plus, selon les régions et les spécialités. Pour lutter contre ce vide qui s’installe progressivement dans les urgences, les praticiens hospitaliers sont en grève cette semaine. Europe 1 a enquêté sur les zones et les spécialités les plus sinistrées.
Une pénurie à la ville comme à la campagne. Dans certaines régions de France, il manque plus d'un médecin sur trois. Dans les zones rurales, la situation est catastrophique, comme en Haute-Garonne où l'hôpital de Saint-Gaudens doit faire avec un seul radiologue au lieu de trois. Mais le problème existe aussi dans les villes. A Caen, avec les départs en retraite, d'ici 2017, il manquera bien un tiers de praticiens à l’hôpital. Normandie, Picardie, Limousin,… Aucun territoire n'est épargné par cette pénurie.
Un recours massif à l’intérim. A l'hôpital d'Auxerre, en Bourgogne, il manque 32 médecins. Chaque jour, la DRH de l'hôpital s'inquiète un peu plus de savoir si elle va réussir à remplir ses plannings. "La pénurie s'aggrave nettement", indique-t-elle au micro d'Europe 1. "Il y a des spécialités qui sont en grande difficulté comme les radiologues, les anesthésistes et les urgentistes. Trois spécialités difficiles même si on a aujourd’hui aussi des difficultés à recruter des gastro-entérologues ou des pneumologues. Ce qui n’était pas le cas il y a encore quelques années. Tous les jours, nous revoyons les plannings et nous avons un recours massif à l'intérim pour assurer la permanence des soins", poursuit-elle.
Des remplacements qui coûtent beaucoup trop cher. Gérer au jour le jour grâce à des intérimaires, faire appel à des cabinets de recrutement ou des chasseurs de têtes, autant de solutions qui coûtent plus cher à l’hôpital. Pour être sûrs d'avoir des médecins, les hôpitaux sont prêt à payer parfois jusqu’à trois fois plus cher. Le DRH du CHU d’Auxerre est ainsi obligé de rémunérer ses intérimaires 1.300 euros nets pour… 24 heures. Ces solutions de dernières minutes plombent les finances des hôpitaux : chaque année, ça coûte 500 millions d'euros de plus à l'Assurance maladie.
Les patients durement pénalisés. Avec cette pénurie de médecins, les patients trinquent aussi. Si la qualité des soins est toujours assurée, comme nous l'assurent les cadres hospitaliers que nous avons rencontrés, le suivi des patients est quasiment inexistant. Ce n'est presque jamais le même médecin qui soigne les mêmes patients.
Augmenter les salaires ? Que peut proposer la ministre de la Santé pour essayer d’enrayer cette gabegie ? Il faut surtout rendre les carrières hospitalières plus attractives. Et les médecins ont évidemment une solution pour se remotiver : réévaluer les salaires. Aujourd'hui, un médecin qui exerce dans un établissement privé, une clinique, est payé quatre fois plus que son confrère de l'hôpital public.