La nicotine pourrait avoir un effet protecteur contre l'infection par le coronavirus, avancent des chercheurs en France où des essais préventifs et thérapeutiques vont être entrepris avec des patchs à l'hôpital de La Pitié-Salpêtrière à Paris. Mais ce n'est pas une raison pour que n'importe quel quidam dévalise le rayon dédié en pharmacie. "Il faut absolument que les patchs soient réservés à ceux qui sont en sevrage tabagique, pour qu'ils puissent y avoir accès", met en garde Gilles Bonnefond, le président de l’Union des syndicats des pharmaciens d’officine, invité de "Sans rendez-vous" mercredi.
La nicotine empêcherait le coronavirus de se fixer dans l'organisme
L'hypothèse des chercheurs est étayée par le faible nombre de fumeurs parmi les malades du Covid-19 hospitalisés, constaté dans diverses études dans le monde. Une nouvelle étude française portant sur 350 malades hospitalisés et 150 plus légers qui ont consulté, tous atteints du Covid-19 (confirmé par test PCR), semble l'avoir confirmée. "L'hypothèse est que la nicotine, en se fixant sur le récepteur cellulaire utilisé par le coronavirus, l'empêche ou le retient de s'y fixer" et donc de pénétrer dans les cellules et de se propager dans l'organisme, explique le Pr Jean-Pierre Changeux, de l'Institut Pasteur et du Collège de France.
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Mais pas question de "s'automédiquer en patch ou en gomme" de nicotine prévient Gilles Bonnefond qui ajoute que cette annonce "n'est toujours pas vérifiée". "Chaque fois qu'on a des moments de tension, c'est quand il y a une annonce qui est faite et qui entraîne une demande qui ne peut pas être honorée", constate-t-il. Comme cela a été le cas pour les masques chirurgicaux ou la chloroquine qui "a mis de la pression sur des demandes avec des ordonnances pas conformes ou falsifiées".
Trois essais possibles
Dès le feu vert final obtenu, avec le soutien du ministre de la Santé Olivier Véran, des patchs nicotiniques vont être administrés à des dosages différents dans trois essais : en préventif à des soignants, pour voir si cela les protège ; en thérapeutique à des patients hospitalisés en médecine, pour tenter de diminuer leurs symptômes ; et enfin à des patients graves en réanimation, détaille le Pr Amoura.
Ces études ne doivent pas non plus inciter la population à se ruer sur le tabac. Fumer altère les poumons et ce n'est pas bon pour la santé (cancers, accidents cardiaques...), rappellent les médecins pour dissuader tous ceux qui auraient jusque-là résisté à cette addiction de soudain s'y soumettre.