La veuve d'un médecin décédé du coronavirus porte plainte pour mise en danger de la vie d'autrui. 1:50
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Antoine Cuny-Le Callet , modifié à
Claire Loupiac, veuve du docteur Eric Loupiac, médecin urgentiste décédé du Covid-19, a déposé plainte pour négligence et mise en danger de la vie d’autrui. Invitée d'Europe 1, mardi, elle dénonce en particulier les autorités sanitaires, coupables selon elle de "graves mensonges".
TÉMOIGNAGE

Le 23 avril, le médecin urgentiste Eric Loupiac décédait à l'hôpital de Lons-le-Saunier dans le Jura après avoir contracté le coronavirus. Sa femme, Claire Loupiac, a décidé de porter plainte pour négligence et mise en danger de la vie d'autrui. Invité d'Europe 1, mardi, elle décrit les derniers départs de son mari à l'hôpital : "Ce qui s'est passé est injuste [...] il savait que l’hôpital n'était pas près."

Le couple Loupiac avait pris la décision de se confiner dès le 26 février, date du premier décès d'un Français. Le week-end du 7 mars, Eric Loupiac prend sa garde à l'hôpital. Il en effectuera une seconde le 14 avant que les premiers symptômes du Covid-19 apparaissent le 16 mars.

Légèreté des protections à disposition

Le témoignage de sa femme donne l'image d'un médecin guidé par son "devoir" mais terriblement conscient de la légèreté des protections mises à sa disposition. Elle décrit un hôpital dans lequel médecins et personnes testées positives sont équipés en masques chirurgicaux, mais pas les personnes asymptomatiques : "Ils sont dans la salle d'attente, se mélangent avec tout le monde. Forcément le virus se propage dans tout le service des urgences."

La direction de l'hôpital fait valoir que tout le matériel nécessaire était à la disposition du personnel soignant. "S'il avait eu les bons masques, il les aurait mis", rétorque sa femme qui précise qu'Eric Loupiac avait contacté plusieurs fois sa hiérarchie pour lui faire part du problème.

"J'espère que je ne vais pas te contaminer"

Claire Loupiac décrit également l'angoisse habitant son mari lors de ses retours au foyer après ses journées de travail. "Toi, je sais que tu n'auras rien parce que tu es restée à la maison, mais j'espère que je ne vais pas te contaminer", raconte-t-elle, rapportant ses paroles.

Une plainte contre la direction de l’hôpital pour négligence et mise en danger de la vie d’autrui devrait être déposée "dans la semaine". Une autre suivra contre les ministres de la Santé, Olivier Véran et Agnès Buzyn, coupables selon elle d'erreurs répétées, de retard dans la prise de décision et de "graves mensonges".

Emue, Claire Loupiac a partagé sa tristesse et le sentiment de colère qui l'habite : "Ma vie est pratiquement entièrement détruite. C'est épouvantable ce que je vis et ce que mes enfants vivent."