Depuis dix ans, le traitement du cancer du poumon s'améliore. Photo d'illustration.
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Margaux Baralon , modifié à
Particulièrement meurtrier, le cancer du poumon se soigne pourtant de mieux en mieux. Mardi, dans l'émission "Sans Rendez-Vous", le professeur Nicolas Girard, oncologue pneumologue et chef de service à l’Institut du Thorax Curie-Montsouris, a détaillé les nouveaux traitements qui existent.
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C'est un cancer qui fait peur, à juste titre. Chaque année en France, 50.000 personnes sont touchées par le cancer du poumon, le plus mortel parmi les cancers fréquents. Majoritairement des hommes, puisque cette affection est liée au tabac et que la gent masculine fume toujours plus. Mais il y a des raisons d'espérer, comme l'explique le professeur Nicolas Girard, oncologue pneumologue et chef de service à l’Institut du Thorax Curie-Montsouris à Paris, au micro d'Europe 1. En effet, deux nouvelles méthodes de traitement développées depuis une dizaine d'années montrent de bons résultats.

"On a doublé la survie des patients"

La première, c'est la thérapie ciblée. "On cherche des mutations génétiques pour tous les patients diagnostiqués", explique Nicolas Girard. Si des mutations génétiques à l'origine du cancer sont repérées, alors il y a une "cible" pour la thérapie. "Cela marche très bien, dans 95% des cas", se félicite le professeur Nicolas Girard. "Cela fonctionne comme un interrupteur."

Le deuxième traitement, c'est l'immunothérapie, développée depuis environ cinq ans et qui offre des résultats prometteurs. "L'immunothérapie cherche non pas à s'attaquer directement à la tumeur, mais à stimuler les défenses naturelles contre les cellules cancéreuses", détaille l'oncologue pneumologue. "C'est un mécanisme habituel, on fait tous des cancers en permanence, sauf que le corps est capable de se défendre. Jusqu'au moment où on n'en est plus capable." Ce traitement est "très bien toléré". "Cela marche dans 50% des cas" en allongeant la durée de vie du patient.

Bien souvent, ces deux traitements, dont les effets secondaires sont moindres que celui d'une chimiothérapie, sont couplés à cette dernière ou à une radiothérapie. Les chiffres témoignent des progrès faits par la médecine. "Actuellement, on a doublé la survie des patients", détaille Nicolas Girard. "Nous avons 30% d'entre eux qui sont vivants cinq ans après le diagnostic."

Vers une campagne de prévention ?

Mais le spécialiste veut aussi s'attaquer à ce diagnostic, justement. Car il est souvent très tardif, et pour cause. Un cancer du poumon est généralement invisible, avec des symptômes légers comme des crachats ou un changement de toux. Lorsqu'un patient ressent une douleur, il est déjà trop tard : les métastases sont là, et ce sont elles qui provoquent des souffrances.

C'est pourquoi Nicolas Girard milite pour mettre en place une campagne de dépistage, comme ce qui se fait actuellement pour le cancer du sein. "Cela consiste à faire des scanners de façon faiblement irradiante pour les personnes les plus à risques : les personnes de plus de 50 ou 55 ans, qui ont fumé pendant longtemps. Cela se fait déjà aux États-Unis, tous les ans, ou au Pays-Bas, tous les deux ans."

Un dépistage massif de ce type est difficile à envisager à court terme, car il pose des questions d'organisation et de lectures des résultats, pour éviter de confondre n'importe quelle anomalie avec un cancer. "Mais les études montrent que cela fait baisser le taux de mortalité lié au cancer du poumon", assure le spécialiste.