La France, championne du monde de la lutte contre le cancer ? L'Hexagone s'érige en tout cas comme une référence en la matière, assure Amaury Martin. Le directeur adjoint de l'Institut Curie, invité d'Élisabeth Assayag dans La France bouge ce lundi, a fait appel aux chiffres pour illustrer le savoir-faire français.
"La France représente aujourd'hui 13% des essais cliniques mondiaux en cancérologie, c'est colossal. Et en oncologie, on a aujourd'hui plusieurs milliers de molécules qui sont en cours de développement", indique-t-il. Le médecin de résumer ainsi son propos : "Si l'on devait mettre un patient en face de chaque essai clinique, ce serait impossible".
Une "base de données"
Mais cette myriade d'études scientifiques présente aussi un inconvénient majeur. "En France, il y a plus de 2.000 essais cliniques en cours de recrutement. Or c'est très difficile pour un oncologue généraliste, qui s'occupe du poumon, du sein, de la prostate, du colon, de connaître de façon très précise les essais cliniques concernant le cancer du sein, par rapport à un expert qui ne travaille que sur ce cancer toute la journée", explique Patricia Rigaud, fondatrice de la plateforme "AccessTrial.care" destinée à accompagner les médecins, parfois dépassés par la progression exponentielle de la recherche.
"Cette plateforme va répertorier, sous forme de base de données, des fiches sur les essais cliniques en cours de recrutement avec des informations sur les traitements, sur les modalités, ce que devront faire les patients, vont-ils devoir venir à l'hôpital, à quel type d'analyses seront-ils soumis ou non", énumère-t-elle. De cette manière, le médecin pourra "remplir le profil du patient", via une "machine learning" qui orientera le praticien "vers les essais cliniques correspondants".
Amaury Martin veut rassurer sur la collecte de données
Avec un paramètre supplémentaire : "Une localisation précise de l'endroit où se trouve le médecin", précise Patricia Rigaud. Une initiative dont se réjouit Amaury Martin, jugeant cette plateforme "essentielle" et estimant que, pour un malade, être inclus dans un essai clinique était "une vraie chance".
Devant la méfiance que pourrait susciter une telle collecte de données, le médecin se veut rassurant. "Il ne faut pas en avoir peur. Car quand on pose la question aux gens 'Voulez-vous consentir à ce que vos données médicales soient utilisées par des chercheurs', je ne dis pas commercialisées, ni revendues à des tiers, je dis bien 'utilisées', cela fait avancer les choses."