A quoi ressemblera la santé de demain ? C'est l'enjeu principal de la première "Grande conférence de la santé" impulsée par Manuel Valls et Marisol Touraine, jeudi, au Conseil économique, social et environnemental. Le Premier ministre et la ministre de la Santé feront plusieurs annonces à l'issue de cette journée qui va réunir quasiment tous les professionnels du secteur. Des annonces sont notamment attendues pour améliorer le statut du médecin généraliste et le rendre plus attractif.
La médecine générale est la moins prisée. Car les étudiants, qu'ils soient en deuxième, troisième ou cinquième année de médecine, ne sont pas emballés à l'idée de devenir généralistes. La médecine générale est même passée d'avant-dernière en 2013 à dernière en 2014 dans le classement des spécialités les moins prisées, juste derrière la médecine du travail. Ce qui rebute les étudiants, c'est le nombre d'heures de travail à fournir et de paperasse à gérer.
"Pas assez d'informations". A l'Université Paris-Descartes, tous s'accordent à dire que leur cursus les oriente davantage vers une spécialisation. "Pendant toutes nos études, ce sont des praticiens hospitaliers qui nous font des cours, et eux, pour le coup, crachent un peu sur la médecine généraliste", observe une étudiante. "Tous les stages qu'on fait sont des stages en hôpitaux. La plupart d'entre nous ne voit jamais ce que c'est que de faire de la médecine générale en ville. Je trouve qu'on n'a pas assez d'informations."
Le désamour pour la médecine générale touche en particulier les femmes, qui représentent 67% des étudiants à Paris-Descartes. "Mon père est généraliste, je n'ai pas envie de devenir généraliste. Il travaille beaucoup, pour un tarif de la consultation à 23 euros", raconte ainsi Camille, en deuxième année. "Surtout quand on est une femme, peut-être par rapport au problème de la grossesse, cela ne me donne pas du tout envie." La "protection maternité" pour les femmes médecins annoncée par Marisol Touraine pourrait la faire changer d'avis.
"L'avenir, ce sont des maisons pluridisciplinaires". Les étudiants ne sont non plus pas très attirés par la perspective de travailler seuls. Être généraliste, pourquoi pas, mais dans un centre de santé, pour faire partie d'une équipe. "L'avenir, ce sont des cabinets à plusieurs, des maisons pluridisciplinaires", analyse André Robert, délégué général de l'Association des petites villes de France. "Ce sont les maisons qui accueillent plusieurs généralistes, mais aussi des infirmiers, des kinésithérapeutes, des soins de suite, des spécialistes éventuellement. Tout cela avec le soutien des collectivités."
La qualité de vie comme facteur déterminant. Preuve supplémentaire que la qualité de vie est devenue prioritaire dans le choix de leur futur métier, les spécialités liées à des astreintes fortes, comme chirurgien ou anesthésiste, sont de moins en moins populaires chez les étudiants les mieux classés.