Les personnes souffrant de migraines chroniques ont un risque accru de faire un accident vasculaire cérébral (AVC) à la suite d'une intervention chirurgicale, selon une étude publiée mardi dans la revue The British Medical Journal (BMJ).
15% des adultes concernés par la migraine. En analysant les dossiers de quelque 124.000 patients ayant subi des interventions chirurgicales dans trois hôpitaux américains entre 2007 et 2014, des chercheurs ont découvert que le risque d'avoir un AVC dans les 30 jours après l'intervention s'élevait à 4,3 pour 1.000 patients opérés souffrant de migraine, contre 2,4 pour 1.000 dans l'ensemble de l'échantillon. Les plus à risques étaient les personnes souffrant de "migraines avec aura" - des migraines associées à des troubles transitoires comme des troubles de la vue, de la sensibilité et de la parole - chez qui le taux d'AVC a atteint 6,3 pour 1.000 patients opérés contre 3,9 chez les patients souffrant de migraine classique.
La migraine est un mal de tête récurrent, le plus souvent unilatéral et pulsatile. Elle concerne environ 15% des adultes, avec une forte prédominance pour les femmes. La migraine avec aura concerne 20 à 30% des cas.
L'AVC est une cause majeure de décès ou de handicap grave. Il fait chaque année plus de 6 millions de morts dans le monde.
La chirurgie vasculaire concernée. La migraine figure parmi les facteurs de risque des AVC ischémiques (dus à un caillot et de loin les plus fréquents) mais aucune étude n'avait encore évalué son rôle lors d'une intervention chirurgicale. Selon l'étude dirigée par Matthias Eikermann, de la Harvard Medical School, le sur-risque d'AVC chez les migraineux a été établi en tenant compte de l'âge, du sexe et des maladies cardiovasculaires pré-existantes, qui sont également des facteurs de risque d'AVC.
Les migraineux ont également été un peu plus nombreux que les non migraineux à être ré-hospitalisés au cours des 30 jours ayant suivi l'intervention. La chirurgie la plus concernée était la chirurgie vasculaire et cardiaque (jusqu'à 7% d'AVC) ainsi que la neurochirurgie. Pour Matthias Eikermann, compte tenu du nombre de migraineux dans la population, "il est important que les médecins connaissent ce risque accru dans la période péri-opératoire, en particulier chez des patients qui ne présentent pas les facteurs traditionnels de risque d'AVC".
Ces facteurs incluent notamment l'âge ou les antécédents familiaux mais également des facteurs modifiables comme l'hypertension artérielle, le tabagisme, un cholestérol trop élevé ou encore le diabète. "Les résultats de notre étude viennent s'ajouter aux preuves qui s'accumulent pour dire que la migraine et notamment la migraine avec aura, doit être considérée comme un marqueur de risque accru d'AVC ischémique" soulignent les auteurs.
Des médicaments favorisant l'AVC. Ils n'expliquent toutefois pas le phénomène et se contentent d'avancer quelques hypothèses comme l'existence de prédispositions génétiques. Ils évoquent également l'utilisation de vasopresseurs, des médicaments destinés à stabiliser la tension artérielle pendant les interventions chirurgicales qui, à fortes doses, pourraient accroître le risque d'AVC chez les migraineux.
"L'anesthésie, la déshydratation, et l'arrêt temporaire des anticoagulants pendant la période péri-opératoire peuvent aussi aggraver l'hypercoagulation induite par la chirurgie et faciliter la formation d'un caillot chez les patients migraineux", ajoutent-ils.