La peau de banane révèle les stades du mélanome cutané

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Des comparaisons entre la peau de banane et la peau humaine ont permis à des chercheurs de développer une nouvelle méthode de diagnostic du mélanome.

Comprendre l'évolution du cancer de la peau grâce à un fruit. Lorsqu'elles sont agressées par le soleil, la peau humaine et celle de la banane produisent la même enzyme, dont la présence et la distribution permettent de déterminer le stade de développement du mélanome cutané, selon une étude publiée lundi dans la revue allemande Angewandte Chemie. "En vieillissant, les bananes se couvrent de taches noires causées par la présence d'une enzyme, la tyrosinase. Il s'agit d'un processus naturel de brunissement de certains organismes, comme la nourriture. Cette même enzyme joue également un rôle dans le cancer de la peau de type mélanome", expliquent dans un communiqué les chercheurs de l'École polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL).

Définir le stade de la maladie. Lorsqu'un dysfonctionnement se produit dans la régulation de cette enzyme qui produit le bronzage, le mélanome apparaît. A partir de cette analogie -présence de tyrosinase dans les fruits mûrs et le mélanome humain-, la chimiste Tzu-En Lin a développé une technique d'imagerie permettant de mesurer la présence de tyrosinase et sa distribution dans la peau.

"Les recherches ont été effectuées d'abord sur des fruits mûrs, puis sur des échantillons de tissus cancéreux", précisent les chercheurs. "Elles ont prouvé que le niveau de présence et la distribution de l'enzyme tyrosinase renseignent sur le stade de la maladie." Au stade 1, l'enzyme apparaît peu. Au stade 2, elle est présente en grande quantité et de façon homogène. Au stade 3, elle est distribuée de façon hétérogène.

Diagnostiquer plus tôt pour mieux soigner. "Travailler sur les fruits nous a permis de mettre au point un outil de diagnostic que nous avons pu tester avant de le faire sur des biopsies humaines", indique Hubert Girault, responsable de l'équipe ayant mené cette étude, dont les résultats ont été publiés lundi. L'outil, un mini scanner doté de huit micro-électrodes souples vient caresser la surface de la peau tout en mesurant la réactivité de l'enzyme.

Plus un mélanome est diagnostiqué tôt, plus les chances de guérison sont élevées. Cette technique pourrait ainsi être un outil pour les dermatologues permettant de confirmer ce qu'ils détectent avec un oeil averti. Elle serait aussi une alternative à des tests invasifs comme la biopsie. Quand les mélanomes sont diagnostiqués tôt, le taux de survie à cinq ans atteint 86% pour les hommes et jusqu'à 92% pour les femmes, selon des données des autorités sanitaires françaises.