Vous avez forcément vu passer cette information : depuis le début du confinement, le nombre de visites des sites pornographiques explose. Mais en cette période, certains parents peuvent s’inquiéter pour leurs enfants. C’est le cas de Béatrice, 47 ans, maman d’un adolescent de 14 ans. Cette auditrice d’Europe 1 se demande comment faire pour éviter que son fils n’aille sur des sites pornographiques, et si elle doit lui en parler. La sexologue Catherine Blanc lui a répondu, lundi, dans l’émission Sans rendez-vous.
La question de Béatrice, 47 ans :
Je suis maman d’un ado de 14 ans, j’ai peur que le confinement l’incite à s’aventurer sur des sites pornographiques. Que dois-je faire pour que ça n’arrive pas ?
La réponse de Catherine Blanc :
"En temps habituel il fait déjà ça, mais il va à l’école, il voit ses amis, ce qu’il fait qu’il lâche ses préoccupations sexuelles. En temps habituel il va surfer, poser des questions à droite et à gauche. Le confinement peut l’amener à être plus en interrogation et plus en excitation intellectuelle et physique qui l’amène à tomber sur des sites pornographiques."
L’ennui et l’isolement poussent-ils à plus consommer de la pornographie ?
"Quand on s’ennuie, on n'est pas capable de créer quelque chose qui fait du bien. Il y a donc une tendance à absorber des informations de façon boulimique. La pornographie renvoie à ce qu’on ne peut pas faire, on n’est pas acteur mais simplement voyeur. Cela renforce le côté dépressif de l’individu, ça n’a jamais participé de le faire grandir dans son cheminement sexuel personnel. Ça ne concerne pas que les adolescents mais aussi les adultes."
Pourquoi notre auditrice s’en inquiète-t-elle maintenant ?
"C’est la question d’une maman en générale qui a du mal à savoir ce qu’il se passe dans ce domaine-là. La pornographie donne une idée d’une sexualité qui n’existe pas, puisque c’est un montage, et c’est un montage sur une sexualité d’adulte. Cette pornographie enferme l'adolescent puisqu’il n’est pas confronté aux jeunes gens de son environnement. Donc c’est une question de maman qui s’interroge parce que peut-être son fils est renfermé, ou dans la difficulté de communication avec ses amis. C’est une question de mamans qui savent leurs enfants déjà renfermés et en difficulté relationnelle."
L’accès aux smartphones ou aux ordinateurs est plus facile, donc il y a plus de tentation d’aller sur des sites pornographiques ?
"Il y a des moments où on tourne un peu en rond et on est dans la frustration de l’absence des autres. Et là on veut se créer une sexualité, pour que notre organisation habituelle ne change pas. Mais c’est à croire que la sexualité rentre dans une habitude. Or, la sexualité n’est pas une habitude, c’est un accident merveilleux que l’on crée, une opportunité. Donc on peut penser à d’autres choses, comme faire son ménage etc."
Que doit faire cette maman, doit-elle mettre un contrôle parental ou lui en parler ?
"On ne peut pas trop s’immiscer dans la sexualité de nos enfants. En revanche, c'est à nous de le faire réfléchir, notamment sur les bornes à ne pas dépasser. On peut lui demander s’il a des questions. En fonction de l’âge, peut-être qu’il y a des limites d’heures à poser, et si on sent qu’il y a une obsession peut-être aussi limiter le WiFi."
Ça peut être aussi l’occasion de parler d’éducation sexuelle ?
"Quand une maman est toute seule avec son ou ses fils, il peut être compliqué d’aborder ce sujet, et idem pour un papa seul avec sa fille."