La question du premier enfant dans un couple ne coule pas toujours de source. Dans "Sans Rendez-vous", la psychanalyste et sexologue Catherine Blanc a répondu à la question de Marie, presque 30 ans, qui souhaite avoir des enfants mais n'arrive pas vraiment à aborder le sujet avec son conjoint depuis 4 ans. Il se braque, et elle ne sait pas comment en parler avec lui.
La question de Marie
"J'aurais envie d'avoir des enfants, mais quand j'en parle avec mon copain ça le stresse et il se braque. Pourtant, on approche de la trentaine tous les deux et cela fait quatre ans qu'on est ensemble. Je ne sais plus quoi faire, auriez-vous des conseils pour débloquer la situation ?"
La réponse de Catherine Blanc
"Être en couple, vivre une histoire d'amour, c'est une chose. On avance un peu au long cours, très tranquillement, sans engagement. Alors qu'évidemment, faire des bébés est un engagement. C'est une responsabilité d'un autre niveau. On peut aimer très fort l'autre mais ne pas être prêt à se départir complètement de sa fonction d'enfant soi-même pour devenir le parent de ses propres enfants. Il y a plusieurs étapes comme ça, qui nous font quitter notre enfance. La sexualité en fait partie mais la parentalité plus encore, et ça peut être très difficile.
Il peut aussi y avoir d'autres raisons qui rendent le sujet sensible, comme la difficulté de l'engagement avec la personne que l'on aime. On a beau l'aimer, difficile de savoir si on l'aimera encore demain, si on sera encore au rendez-vous, si on pourra toujours tisser la même ligne directrice... Il est plus facile d'imaginer qu'on aura toutes les libertés éventuelles quand il n'y a pas d'enfant que quand on en a fait.
Enfin, peut-être qu'il s'agit d'un problème de communication : ou bien ils n'en ont pas parlé, et elle se réveille à l'aube de ses 30 ans et est très anxiogène parce que tout d'un coup, c'est un sujet d'actualité. Nous les femmes ne nous rendons pas toujours compte que nous pouvons être assez assez intrusives et directives sur ce sujet, ce qui est source, souvent, d'une grande anxiété pour les hommes. Ou alors ils en ont parlé, mais ils en ont parlé pour 'quand ils seraient grands'. Et sait-on quand est-ce qu'on se sent grand?
Mais dans le cas présent, le sujet semble inabordable. Que faire ?
"Il faut savoir ce qui lui fait peur. Pourquoi se braque-t-il ? Que veut-il dire quand il répond 'on verra plus tard' ? Est-ce que cela veut dire 'j'ai peur d'être père' ou 'je ne me sens pas capable d'être père", ou 'je ne suis pas tout à fait sûr de mes sentiments' ? En tout cas, il faut pouvoir savoir ce qui est derrière ce stress. Il peut y avoir aussi des histoires personnelles qui font qu'on peut avoir très peur."
Doit-elle poser un ultimatum ?
"La fertilité commence à décroître tout doucement, certes, mais à partir de 25 ans. Donc on peut comprendre que les choses soient importantes pour elle et que l'amour ne peut pas arbitrer d'un renoncement à la maternité, - sauf à le décider soi-même clairement, et pas imposé par l'autre.
Ceci étant, l'idée d'ultimatum est une idée violente. Il faudrait plutôt simplement dire : 'tu sais, moi, je ne pourrai pas nécessairement aller au delà de telle date', plutôt que de dire 'je te préviens à telle date, je te quitte'. Il s'agit de faire comprendre à son conjoint 'Je ne serai pas capable d'aller au delà parce que je ne voudrais pas que tu sois à l'origine de mon impossibilité, que tes peurs soient à l'origine de mon absence de maternité qui me fait souffrir et qui pourrait détériorer notre relation parce que j'aurai une rancœur contre toi." Elle peut aussi entendre que son compagnon ne soit pas capable de faire des bébés. Cela pose donc la question de la pérennité du couple."