"Ce n'est pas la taille qui compte". Lundi, dans l'émission "Sans Rendez-vous", la sexologue et psychanalyste Catherine Blanc réaffirme ce principe concernant les mensurations du pénis masculin pour répondre à la question de Carole, 56 ans. Cette dernière raconte que son mari, qu'elle a épousé il y a 20 ans, complexe de plus en plus sur la taille de son pénis. Elle se demande ce qui peut expliquer l'accentuation de cette inquiétude alors qu'elle-même le trouve tout à fait convenable et ne comprend pas ses doutes.
La question de Carole
"Mon mari a toujours été complexé par la taille de son pénis, que je trouve moi même très convenable. Mais j'ai l'impression qu'avec le temps, vingt ans de mariage quand même, le problème s'accentue. Comment faire ?"
La réponse de Catherine Blanc
D'abord, cela pose la question de son pouvoir. Dès l'enfance, on se demande si l'on sera un jour aussi grand et aussi fort que son père. C'est ensuite accentué par les images de la société, notamment de la pornographie, qui montre des pénis de tailles démesurées, loin de la norme. Monsieur Tout le monde ne se reconnaît pas dans ces mesures là, ce qui l'inquiète.
Ceci étant, le pénis ne fond pas avec le temps. Il ne devient pas plus petit et pourtant l'anxiété semble grandir pour cet homme. Ce n'est donc pas tant le pénis que la difficulté à trouver une idée de pouvoir qui pose problème. S'il était complexé jeune homme, cela s'est aggravé avec le temps : peut être professionnellement, peut être dans sa compétence à faire jouir sa femme ou le retour qui lui est fait. Si elle trouve ça très convenable, il peut y entendre quelque chose de gentillet qui renforce son idée. Donc cela s'appuie sur une réalité et une perception de son pénis mais cela rend compte de l'idée qu'il se fait de lui même.
La taille du pénis ne compte donc pas ?
Non, elle ne compte pas pour la capacité à se fondre l'un dans l'autre, à se faire des émotions l'un vis-à-vis de l'autre. Evidemment, si on a un micro pénis, la question ne se pose pas de la même façon mais ici on ne parle pas d'anomalie. On parle de quelqu'un qui a un pénis tout à fait normal, dans un vagin tout à fait normal, et qui peut parfaitement trouver sa place.
Peut-il craindre qu'elle ne le rassure que parce qu'elle est amoureuse ?
Les yeux de l'amour, ça sert quand on est aimé. Il est possible que la relation peine à trouver un sens à sa dynamique et qu'avec le temps, elle peut s'enliser. Peut être, aussi, est elle trop gentille ou trop confortable, ce qui laisse émerger la déprime, la dépréciation de soi-même de cet homme.
Dans le rapport, la pénétration n'a pas besoin d'être très profonde pour donner du plaisir ?
Le vagin n'est pas une cavité ouverte qu'il faut combler. Les parois du vagin viennent de toute façon caresser ce qui le pénètre. Donc, évidemment, c'est dans ce frottement que se fait la jouissance féminine. Naturellement, le vagin est court et il se développe à mesure de la pénétration. Si le pénis est long, les muscles qui tiennent les organes vont donner de l'ampleur à ce vagin et s'il est plus court, par définition, il sera de toute façon comblé.
Faut-il qu'il consulte pour se rassurer ?
Oui, car même avec un plus grand pénis, il ne saurait pas plus faire car la lecture qu'il a de lui même est déjà détériorée. Donc, je crois que ce qui est important, c'est qu'il aille se confronter à ce doute qu'il a, quant à lui même en général et quant à son pénis en particulier. Parce que c'est un peu l'arbre qui cache la forêt de doutes. Il est aussi peut être trop dans une consommation de pornographie qui vient alimenter son anxiété personnelle.