Les impacts du chômage sur la santé des demandeurs d'emplois sont "sous-estimés", juge l'association Solidarités nouvelles face au chômage (SNC) qui appelle les pouvoirs publics à améliorer leur prise en charge, dans un rapport publié jeudi. "La récurrence de l'alternance entre CDD de plus en plus courts et périodes de chômage enferme une proportion toujours plus importante d'actifs dans une situation de grande précarité avec ses lourdes conséquences sur tous les aspects de la vie et notamment la santé", explique Gilles de Labarre, président de l'association.
"Entre 10.000 et 14.000" décès imputables au chômage par an. Le manque d'information des professionnels de santé et des acteurs institutionnels alimente une sous-estimation collective du problème", ajoute-t-il. La preuve : en dix ans, seules trois études françaises ont été publiées dans des revues d'audience internationale, relève SNC, qui tient un colloque sur le sujet jeudi. Une étude publiée en 2015 par le chercheur de l'Inserm Pierre Meneton avait évalué "entre 10.000 et 14.000" par an les décès imputables au chômage, soit beaucoup plus que le nombre de morts sur les routes.
Perte d'emploi peut rimer avec problèmes de santé. Pathologies cardiovasculaires, addictions, aggravations de maladies chroniques (diabète, hypertension...), stress, anxiété, dépression pouvant mener au suicide... La santé physique et psychique des "chercheurs d'emploi", comme préfère les appeler l'association, se dégrade avec la perte d'emploi. Les difficultés financières font aussi renoncer à des soins parfois indispensables, sans compter une alimentation souvent moins équilibrée et une baisse de l'activité physique.
Pour une meilleure prise en compte de l'aspect santé pour les chômeurs. Pour prendre la mesure de cette question de santé publique, SNC préconise - outre une "conférence de consensus" - une meilleure information des chômeurs sur leurs droits en matière de santé, une amélioration de leur couverture complémentaire, ou encore essayer d'éviter l'isolement. SNC souhaiterait aussi "la sécurisation de l'intermittence", c'est-à-dire les périodes sans emploi entre des contrats, plus de formations pour les demandeurs d'emploi et un soutien à l'accès au travail des personnes les plus en difficulté.