Au printemps 2011, Priscilla Dray, une commerçante bordelaise alors âgée de 36 ans et mère de trois enfants, décide de subir une interruption volontaire de grossesse, une IVG qu'elle pratique auprès d'un gynécologue du CHU de Bordeaux. Mais à son retour chez elle, la jeune femme est prise de fièvre et de douleurs et décide donc de se présenter aux urgences. Trois jours plus tard, les médecins diagnostiquent un choc sceptique, entament une antibiothérapie pour la patiente mais trop tardivement, son infection ayant eu le temps de se propager.
Une bactérie mangeuse de chair. Priscilla a contracté une infection nosocomiale suite à son passage dans le bloc opératoire de la maternité. Une infection rare, déclenchée par un streptocoque pyogène de type A, appelé "la bactérie mangeuse de chair". Le diagnostic vital de la jeune femme est engagé. Et même si les médecins arrivent à la sauver, ce sera au prix d’une amputation de ses quatre membres.
300.000 euros d'indemnisation. Priscilla Dray attaque le CHU, notamment en raison de son antibiothérapie tardive, mais l'hôpital conteste de son côté avoir commis la moindre faute. Le CHU estime que la pathologie était extrêmement difficile à déceler, surtout en l’absence de signes infectieux. Mais cet avis n'est pas partagé par le collège d'experts chargé de trancher. "Aucun élément ne permet de limiter la part de responsabilité du CHU dans la survenance du dommage", écrivent les magistrats du tribunal administratif de Bordeaux. À la lumière des conclusions des experts, le CHU de Bordeaux est condamné pour prise en charge défaillante à verser une provision de 300.000 euros pour indemnisation de la victime.